L'économie allemande toujours faible

La panne sèche ou presque. Le moteur allemand, qui avait connu en 2001 sa première récession depuis 1993, est de nouveau presque à l'arrêt cette année. Selon les estimations des six principaux instituts économiques d'Allemagne, la croissance de la première économie de la zone euro ne sera que de 0,4% en 2002, au lieu de 0,9% lors de leur précédente estimation. Outre-Rhin, les prévisions officielles, mais auxquelles plus personne ne croit, continuent de tabler sur une hausse du produit intérieur brut de 0,75%. Pour les experts économiques des six instituts concernés, il ne fait aucun doute que "la conjoncture en Allemagne demeure faible", alors même que plus généralement "l'économie mondiale est actuellement dans une phase fragile". Regardant dans leurs rétroviseurs, ces économistes tentent d'expliquer pourquoi la reprise espérée cette année n'est pas intervenue. Ils mettent en avant plusieurs facteurs : la chute vertigineuse des marchés boursiers internationaux, les risques de conflit en Irak qui ont notamment provoqué la hausse des prix du pétrole, l'appréciation de l'euro face au dollar qui a pénalisé les exportations allemandes et enfin l'essoufflement de la conjoncture américaine. Mais plus que dans la morosité de l'environnement international, c'est en son sein que l'Allemagne rencontre le plus de difficultés. La consommation reste atone, les prix baissent et l'investissement des entreprises demeure très déprimé - il touche un plus bas depuis le 1er trimestre 1994. Dans ce contexte, le marché du travail se dégrade. Dans un entretien à La Tribune le 3 octobre, François David, président de la Coface (assureur crédit français) soulignait qu'"en Allemagne une faillite d'entreprise est enregistrée tous les quarts d'heure". Et pour de nombreux économistes, l'ajustement n'est pas terminé. Dans une note du 8 octobre, Guilhem Savry, spécialiste de l'Allemagne chez CDC-Ixis, pointe du doigt la situation délicate du "Mittelstand" (les PME et PMI allemandes). Il estime que le nombre de faillites dans ce secteur "pourrait être supérieur à 40.000 en 2002 et 2003".Dans le même temps, l'Allemagne n'a pu trouver dans la demande extérieure un relais suffisant. L'institut français Rexecode insiste dans sa revue du 3ème trimestre sur le fait que "les exportations n'ont pas été aussi vigoureuses que prévu en raison notamment de l'appréciation de l'euro". L'Allemagne souffre par ailleurs d'un déficit de compétitivité de son industrie à l'export en raison notamment de "la poursuite de la hausse des salaires conjuguée à la baisse du temps de travail".Enfin, la première économie de la zone euro souffre de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, jugée par les politiques allemands trop nettement restrictive. Cependant, pour les six instituts de conjoncture, la BCE ne devrait pas changer son fusil d'épaule d'ici la fin de l'année. Malgré tout, soucieux de ne pas désespérer Volksburg (siège de Volkswagen) et plus généralement l'ensemble des Allemands, les principaux instituts économiques allemands veulent croire à une reprise graduelle l'an prochain avec une croissance qui s'accélèrerait légèrement pour atteindre les 1,4% en 2003. On est tout de même très loin des 2,5% escomptés par l'équipe du chancelier Schröder. Et les prévisions des instituts sont d'ores et déjà contestées, beaucoup les jugeant trop optimistes. C'est le cas de Svenja Nehls-Obeji, spécialiste de la zone euro chez CDC-Ixis, qui table quant à elle sur une croissance 2003 de seulement 1%.
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