Conseil d'administration sous haute tension pour Vivendi

C'est dans un climat particulièrement pesant que se tient cet après-midi un conseil d'administration de Vivendi. Le groupe a subi mardi matin un nouveau revers, après la chute de 23% de l'action hier. On a appris ce matin, en effet, le départ de l'un des principaux soutiens de Jean-Marie Messier. Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH (propriétaire de La Tribune) va démissionner du conseil d'administration de VU. L'information, confirmée par un porte-parole de Vivendi, était annoncée ce matin dans Le Parisien. Selon le quotidien, Bernard Arnault devrait s'en aller dès la fin du mois de juillet. Depuis plusieurs semaines, le patron du groupe de luxe demandait des explications écrites à J2M sur sa stratégie. Il aurait déjà prévu de ne pas participer au conseil d'administration de ce mardi. Citant un proche de Bernard Arnault, le quotidien explique que le PDG, "comme beaucoup d'autres grands patrons français a désormais très peur, depuis le scandale Enron, d'un éventuel bourbier judiciaire aux Etats-Unis". "Il n'est pas question, pour un simple siège au conseil d'administration de Vivendi, de prendre des risques au-delà du raisonnable", ajoute la source. Ce nouveau revers fait suite à la journée noire d'hier. VU, qui a engagé une course poursuite contre son endettement, a annoncé une vaste recomposition du capital de sa filiale Vivendi Environnement. Si l'opération était attendue, sa mise en oeuvre et sa précipitation ont été mal accueillies par les investisseurs. Ces derniers les ont interprétées comme un besoin de liquidités, alors que VU avait affirmé le contraire il y a quelques semaines. Les modalités de cette sortie ont en effet pu paraître précipitées, alors que le groupe a placé dès vendredi 12,5% de ses titres VE en pension auprès de la Deutsche Bank et que le désengagement prévu n'était attendu que dans le courant de l'été. "La complexité du montage a donné une impression de précipitation qui a ravivé toutes les inquiétudes sur l'avenir de VU", explique ce matin La Tribune (lire ci-contre).En ce qui concerne l'opération en elle-même, les analystes de chez Aurel Leven estiment qu'elle aura un impact dilutif de -1,8% sur le bénéfice par action de VE et de -3% après goodwill et exceptionnels. De plus, "la clause de conservation des titres pour les investisseurs financiers paraît très courte (6 mois contre 18 mois pour VU), le risque d'observer un afflux de titres sur le marché à la fin de l'année est réel", soulignent les analystes.Le placement a été souscrit 1,5 fois au prix de 27,5 euros, soit un montant total d'environ 1,5 milliard d'euros, a indiqué mardi BNP Paribas. "Cette opération est un réel succès compte tenu des conditions de marché connues depuis lundi", a déclaré la banque française. Ces prix restent inférieurs au cours d'introduction de VE, le 20 juillet 2000, à la Bourse de Paris. VE avait fait son entrée à un cours de 32,50 euros pour les particuliers et de 34 euros pour les investisseurs institutionnels. Le bouclage de ce placement va donc permettre de lancer l'augmentation de capital, pour un montant équivalent de 1,5 milliard d'euros et à un prix égal à celui du placement moins 1 euro, soit 26,50 euros. Après ce placement jugé "moyen" par un opérateur interrogé par l'AFP, Vivendi Environnement a perdu plus de 11% hier. Ce mardi il a passé la séance dans le rouge avant de clôturer en hausse de 3,52% à 29,40 euros.Par ailleurs, la tempête subie hier par les titres VU et VE a été déclenchée par plusieurs autres facteurs défavorables (lire ci-contre), telles les menaces qui pèsent sur la cession de Telepiù, la télévision payante italienne, ainsi que les déclarations de BT Group concernant son peu d'empressement à sortir de Cegetel. "Toute rumeur fait mouche quand la confiance est altérée", affirme ce matin La Tribune.Le désaveu public, au coeur de la tourmente, d'un administrateur aussi influent et important que Bernard Arnault, est de nature à rendre le conseil d'administration de cet après-midi extrêmement dangereux pour J2M. En effet Bernard Arnault était considéré jusqu'à présent comme l'un des principaux soutiens français de Jean-Marie Messier face à ses actionnaires américains. Un autre membre important du conseil d'administration, l'ancien PDG de la Société Générale Marc Viénot, avait reconnu samedi dans le Financial Times que J2M avait perdu la confiance des marchés financiers. Selon certains observateurs, seul un départ de J2M pourrait permettre de restaurer la confiance dans le géant français des médias. Ce mardi lors d'une conférence sur les télécommunications, Philippe Germond, directeur général délégué de VU, a expliqué l'effondrement du titre en Bourse par les attaques de "hedge funds". "Il faut garder son sang-froid (...) il n'y a aucune inquiétude à avoir sur le plan opérationnel", a-t-il dit devant Reuters. "Lorsque les résultats sont là, il n'y a aucune raison de changer le management. Vivendi Universal avait pris des engagements sur 2001 et 2002. Ils ont été tenus sur 2001. Comme nous n'avons fait aucun profit warning, on peut penser qu'on tiendra nos engagements sur 2002", a-t-il ajouté. A la Bourse de Paris, le titre Vivendi Universal a plongé lundi de 23% à 18,75 euros. Mardi, à l'ouverture des marchés, il se reprenait de 8,27% à 20,30 euros dans d'importants volumes. A la clôture, le titre gagne 6,88% à 20,04 euros.
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