Dis, dessine moi un standard

Certains ont semblé cueilli à froid : "Quoi ? Le GPRS n'est toujours pas standardisé ?" Et pourtant, sur la Croisette, il a beaucoup été question des défauts de compatibilité rencontrés par les opérateurs entre les terminaux et les réseaux de cette norme General Packet Radio Service qui va jusqu'à quadrupler le débit de transmission de données des réseaux GSM. Attendu comme le nouveau relais de croissance de l'industrie du mobile, étape intermédiaire avant l'UMTS, le GPRS doit permettre dès cette année d'accéder, via des portables nouvelle génération, à des applications multimédias combinant le son et l'image. Mais, alors qu'il a été souvent présenté comme une simple évolution du standard GSM adopté partout en Europe, le GPRS s'avère finalement très difficile à implémenter."Nous rencontrons des problèmes d'interopérabilité entre les terminaux et le réseau GPRS, au point que la certification de la compatibilité d'un téléphone avec le réseau prend plusieurs mois", ont expliqué plusieurs opérateurs. Des équipementiers ont admis que la technologie Multimedia Messaging System - permettant de joindre du son ou de l'image à un message écrit - connaît des problèmes similaires : un MMS envoyé d'un téléphone Nokia ne peut en effet être lu par un Ericsson. Ainsi, les opérateurs qui ont profité du congrès de Cannes pour présenter leurs premières offres GPRS pour les entreprises, ont vu leurs annonces polluées par des signaux d'alarme guère engageants.Comment une industrie qui a déjà autant promis que déçu peut-elle encore réserver d'aussi mauvaises surprises ? La téléphonie mobile n'en finit plus de payer les mois où elle a marché sur la tête, grisée par le succès du GSM. "Nous avons travaillé chacun de notre côté sur une norme commune dont les spécifications sont cependant multiples", reconnaît-on maintenant chez les équipementiers. Résultat, bien des systèmes fonctionnant sous la norme GPRS ne sont pas encore standardisés. Cette situation est renforcée par le fait qu'un système de téléphonie, du réseau aux terminaux en passant par les systèmes d'information, résulte de la combinaison des oeuvres d'une multitude d'intervenants.D'où la récente débauche d'initiatives invitant les grands industriels à converger. Soudainement, ceux-là même qui ont été les plus grands apôtres du chacun pour soi - parmi lesquels Microsoft et Nokia - ne parlent plus que "systèmes ouverts" et "partage de technologie". Comme s'ils avaient compris que non seulement l'impasse technologique les guettait, mais qu'à vouloir imposer sans y parvenir leurs produits comme standard pour épuiser leurs concurrents, ils risquaient de se mettre hors jeu et de pénaliser gravement l'industrie. Maintenant, au-delà des mots, il faut des actes. Le marché de masse ne décolle qu'avec des standards.
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