Le retour d'un barbare

Et ce retour d'enfant prodigue fait figure d'événement à Wall Street. Aujourd'hui âgé de 41 ans, Finn façonnera la stratégie de la filiale banque d'affaires du groupe financier helvétique Credit Suisse aux côtés de John Mack, son PDG, et Stephen Volk, son président. Il prendra ses fonctions au sein de cette troïka dans quelques jours mais, alors qu'il n'est même pas encore arrivé, on murmure déjà dans les couloirs qu'il pourrait s'asseoir un jour dans le fauteuil de Mack, âgé de 57 ans, lorsque celui-ci prendra sa retraite. "J'ai fait la presque totalité de ma carrière chez CSFB. Vous pensez donc si je suis heureux de rejoindre la direction de cette équipe", explique Brian Finn qui était parti exercer ses talents en 1997 chez Clayton, Dubilier & Rice, un courtier privé. L'impact de ce retour est d'autant plus grand que c'est chez CSFB, où il était entré en 1982, que Finn s'est taillé sa légende de négociateur hors-pair. Au cours de cette ascension, il avait raflé des contrats portant sur un total de 250 milliards de dollars et avait fini par être propulsé au poste jadis occupé par le légendaire Bruce Wassertein. Finn s'était alors trouvé impliqué dans tous les grands montages financiers de l'époque - y compris le sulfureux dossier Nabisco. Quant à sa réputation, elle avait rapidement dépassé Wall Street pour s'étendre bien plus à l'Ouest, à Hollywood, ce qui avait permis à Brian de servir de conseil aussi bien à Sony qu'au magnat des médias John Malone. Pas étonnant que Bryan Burrough, un ex-reporter du "Wall Street Journal", ait fait figurer Brian Finn en bonne place dans "Barbarians at the Gates, the Fall of RJR Nabisco", un des best-sellers américains des années 90 consacré à l'OPA sur R.J. Reynolds Nabisco par la firme Kohlberg, Kravis & Roberts (KKR), la plus importante de toute l'histoire de Wall Street (25 milliards de dollars!). La raison du succès du livre de Burrough : en plus de décrire la déconfiture de Nabisco et l'immoralité de ses dirigeants, il jetait une lumière crue sur la poignée d'hommes faisant la pluie et le beau temps à Wall Street. Parmi ceux-ci, Brian Finn, alors la trentaine, et à la porte duquel "barbares" et prédateurs d'entreprises venaient frapper... Au cours des cinq dernières années, Brian Finn a principalement travaillé dans les placements de titres, tout en étant chargé de trouver des entreprises viables susceptibles d'attirer les investisseurs privés. En fait, CSFB attend de lui qu'il utilise cette expérience en la combinant à ses talents de négociateur. Une remise en selle opportune car, malgré le climat de reprise qui s'est installé aux Etats-Unis, le tableau d'ensemble n'est pas spécialement brillant pour les grandes banques d'affaires américaines qui tendent à souffrir, entre autres maux, de surcapacité chronique. L'an dernier, CSFB, en proie aux difficultés causées par l'intégration de DLJ, a éliminé 2.500 emplois... Non seulement d'autres pourraient suivre mais la banque d'affaires est elle-même l'objet de rumeurs de fusion-acquisition, notamment de la part de Citigroup, un des rivaux de Credit Suisse.
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