Les courtiers en ligne se transforment pour survivre

Souvenez-vous, ce n'est pas si vieux : durant le "boom" des années 90, des courtiers en ligne comme E-Trade ou Datek étaient devenus brusquement célèbres aux Etats-Unis en "cassant" les prix des commissions sur les opérations boursières. Tout cela alors que, à l'époque, une véritable frénésie s'était emparée des Américains dont un nombre considérable n'avaient pas hésité à abandonner leur carrière pour devenir "day traders", attirés par la perspective d'amasser une rapide fortune. Mais ce nouvel ersatz du "Rêve Américain" n'était qu'un mirage et, aujourd'hui, ces "investisseurs privés" se sont volatilisés avec l'explosion de la "bulle" high-tech puis la récession. Contrairement à leur clientèle, E-Trade, Datek, Ameritrade ou Scottrade n'ont pas disparu et offrent toujours leurs services. "Mais les revers du marché ont forcément affecté ces compagnies, observe Shalin Patel, une analyste de chez Gomez Advisors, un cabinet du Massachusetts spécialisé dans le suivi des courtiers en ligne. Heureusement, ils ont senti le vent tourner et se sont reconvertis dans des secteurs comme le conseil ou la banque. En fait, ils s'éloignent peu à peu du courtage en ligne." E-Trade, le premier à effectuer le virage, n'a pas attendu la déconfiture des marchés pour amorcer cette diversification. En 1999, la compagnie avait acheté la banque en ligne Telebanc et, aujourd'hui, celle-ci est devenue, grâce à des taux d'intérêt séduisants, la 13ème banque d'épargne des Etats-Unis. E-Trade a aussi créé son propre service de prêts au logement, possède un réseau de 11.000 distributeurs de billets bien implantés parmi les petits commerces et a ouvert des mini-centres financiers indépendants dans les principales villes américaines. E-Trade continue aussi à assister l'investisseur, son site lui permettant de savoir, moyennant abonnement, ce que les "pros" pensent du marché. Ameritrade a suivi une voie similaire. Dans les années 90, Ameritrade s'était imposé en offrant des commissions pour les transactions boursières au tarif de 8 dollars - un discount alléchant comparé aux 10 dollars d'E-Trade et aux 20-25 dollars des courtiers traditionnels. "Aujourd'hui, nous nous recentrons davantage sur d'autres secteurs, explique Donna Kush, de chez Ameritrade. Mais plutôt que de faire des acquisitions, nous essayons de tirer parti de ce que nous avons déjà."A l'inverse d'E-Trade, Ameritrade n'a donc pas acheté sa propre banque mais s'est associé avec différents établissements financiers : par exemple GMAC pour la banque ou MBNA pour les cartes de crédit. Bien sûr, Ameritrade maintient aussi un service en ligne pour les investisseurs "sérieux". Les courtiers en ligne ne décrochent d'ailleurs pas si facilement. Scottrade, qui était devenu un des grands favoris des "day traders" en poussant le bouchon encore plus loin et en abaissant ses commissions à 7 dollars, a entamé une diversification similaire mais un peu plus timide. Celle-ci se limite pour l'heure à la mise à disposition d'une banque de données et à la cotation gratuite des titres.Le grand gagnant dans tout cela? Peut-être l'investisseur occasionnel et non pas le joueur invétéré qui confondait Las Vegas et Wall Street. "La bonne chose, note Shalin Patel, c'est que l'investisseur sérieux est gagnant ici sur tous les tableaux : il continue d'avoir accès à un service relativement bon marché mais en plus, il a à sa disposition toute une série de services financiers qui faisaient auparavant défaut."
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