Pas - encore - de printemps pour la high-tech

D'où viendra le premier rayon de soleil ? Alors que s'ouvre cette semaine la traditionnelle saison des résultats trimestriels, la prudence reste de mise dans la plupart des secteurs. Et les résultats publiés pour les trois premiers mois devraient rester marqués par l'atonie des investissements des entreprises. Une persistance soulignée par IBM, qui vient de lancer un "profit warning", le premier depuis dix ans pour le groupe, qui augure mal de la tonalité générale des performances des leaders (lire article ci-contre). Seul espoir, comme le soulignent les gérants d'IT Asset Management : certaines sociétés ont encore les moyens d'améliorer leurs marges en réduisant leurs coûts. Sur ce plan, les résultats des trois premiers mois de l'année pourraient réserver quelques bonnes surprises, estiment-ils. Logiciels : très peu de bonnes surprises. Particulièrement touché, le marché du logiciel a vu se multiplier les "profit warnings" ces derniers jours. Avec des symptômes identiques : chiffres d'affaires en baisse et marges sous pression. D'Oracle à i2 Technologies, en passant par PeopleSoft ou Commerce One, le constat est le même : les cycles de vente restent longs, la signature des contrats est toujours difficile à obtenir. Les ventes de licences d'Oracle ont ainsi chuté de 29% sur le trimestre, celles de PeopleSoft de près de 20%. Et même les secteurs passant pour favorisés ces derniers mois sont concernés, comme l'a montré jeudi le profit warning de Check Point Software, spécialiste de la sécurité des réseaux. Comme l'a expliqué son président, Jery Ungermann, les entreprises "retardent les projets ou font des achats de plus en plus petits". Les exceptions devraient donc être rares, même si l'exemple de Computer Associates (lire ci-contre), qui vient d'annoncer qu'il dépasserait les attentes, montre que les grands groupes peuvent encore tirer leur épingle du jeu.Hardware : la guerre des prix continue. Les constructeurs de matériels ne devraient guère faire mieux, à l'exception de Dell, dont la stratégie continue de le "blinder" contre la chute des ventes, puisque son chiffre d'affaires trimestriel devrait limiter son recul à 2% au lieu des 3 à 5% attendus. Pour Goldman Sachs, même les leaders du secteur ne seront pas épargnés : les analystes de la banque ont abaissé leurs prévisions de résultats pour Sun Microsystems, IBM et EMC (ainsi que pour Microsoft). La guerre des prix qui a fait des ravages dans le monde PC l'an dernier s'étend désormais à d'autres segments, comme les serveurs. Les acteurs établis risquent d'en souffrir, d'autant que certains composants clés voient leurs prix remonter. Apple a d'ailleurs été le premier à en tirer les conséquences, en relevant les prix de sa gamme iMac.A part dans ce secteur, Hewlett-Packard et Compaq pourraient pâtir de la dispersion de leurs forces, le trimestre ayant été marqué par la préparation des assemblées générales et des votes sur leur projet de fusion. Semi-conducteurs : les débouchés restent incertains. Pour les fabricants de puces, après la chute de plus de 30% du marché l'an dernier, la stabilisation semble acquise, mais la reprise reste incertaine. La remontée des cours des mémoires DRAM ne suffit pas, à elle seule, à améliorer la santé du secteur. Et même si les fabricants de PC et de téléphones portables commencent à reconstituer leurs stocks, les chiffres d'affaires des grands du secteur devraient rester en léger recul par rapport à l'an dernier. Télécoms : le redémarrage en attente. Les télécoms ne sont guère mieux loties : chez les équipementiers, Motorola, en annonçant que l'année 2002 se terminera à nouveau dans le rouge, a confirmé la persistance des difficultés déjà soulignée par Nokia, Ericsson et Nortel. Outre le retard pris par la téléphonie de troisième génération, cette situation résulte des difficultés financières de nombreux opérateurs. En outre, la concentration annoncée des marchés allemand et américain du mobile se fait toujours attendre, paralysant les stratégies de certains de leurs acteurs. Et même la Chine, censée jouer le rôle de relais de croissance, n'est plus à la hauteur de ses promesses : ses deux opérateurs mobiles, China Mobile et China Unicom, ont annoncé il y a deux semaines des coupes claires dans leurs projets d'investissements. Médias et Internet : signes d'espoir. Finalement, le monde de l'Internet et des médias pourrait bien réserver aux marchés une relative bonne surprise. Comme le soulignait récemment la banque d'affaire Thomas Weisel Partners, le marché publicitaire commence à se reprendre et sa visibilité s'améliore. Une perspective encourageante pour les Yahoo!, AOL Time Warner et autres Viacom. Autre bon point pour les fournisseurs d'accès et les portails : le développement de l'accès à haut débit devrait commencer à se reflèter significativement dans les comptes, contribuant à réduire leur dépendance vis-à-vis du marché publicitaire.Mais, tout secteurs confondus, des élements exceptionnels pourraient gâcher cette timide embellie, à commencer par les provisions exceptionnelles que certains groupes inscriront dans leurs comptes trimestriels au titre des dépréciations d'actifs. AOL Time Warner établira en la matière un record avec une provision de 54 milliards de dollars. Parallèlement, les investisseurs seront particulièrement attentifs aux pratiques comptables des sociétés cotées. La faillite d'Enron, celle de Global Crossing, et les interrogations soulevées par les bilans annuels de Qwest, de WorldCom mais aussi d'IBM ont laissé leur marque dans les esprits.
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