Alors que le concept est encore lointain pour le grand public, il commence à devenir réalité dans l'entreprise: même si la commercialisation des réseaux haut débit et surtout celle des offres GPRS commence à peine, les fournisseurs de services affûtent leurs armes - avec pragmatisme. Pour RIM (Research In Motion), une société canadienne créée en 1984, le plus utile des services mobiles à offrir à l'entreprise, c'est le mail. "Dans les entreprises, 40 % des salariés sont mobiles, c'est-à-dire qu'ils passent plus d'un tiers de leur temps à l'extérieur. Et l'e-mail est la première fonction utilisée sur un ordinateur", explique Michel Androt, directeur des ventes de RIM pour la France.A partir de cette théorie, la société a créé Blackberry, un assistant personnel doté d'une fonction de messagerie, véritable miroir de celle utilisée au bureau. L'objectif : permettre l'accès à distance à sa propre boîte aux lettres électronique. Sur ce PDA doté d'un clavier intégré, le salarié reçoit en temps réel les mails de sa boîte électronique Outlook ou Lotus Notes. De la même façon, il peut répondre à ses interlocuteurs, classer ses mails, ouvrir des fichiers joints et se servir d'autres fonctions telles que la téléphonie, ou les carnets d'adresses et de rendez-vous qu'il utilise au bureau. Pour convaincre les entreprises, RIM a deux arguments. Blackberry permet un gain de temps considérable: en effet, plus besoin pour le salarié mobile d'attendre de rentrer à l'hôtel pour se connecter au réseau à distance, les mails sont envoyés en "push, contrairement aux autres assistants personnels comme le Treo d'Handspring", précise Michel Androt. Par ailleurs, le transfert de données, sur réseau GPRS, est totalement sécurisé - encore une différence par rapport aux autres PDA.L'objet est volontairement sobre: pas d'écran couleur, et uniquement du texte. Là aussi, ces choix sont le fruit d'une politique pragmatique. Les concepteurs ont préféré miser sur la capacité de mémoire et une autonomie importante, de 5 jours, pour ce nouvel outil destiné d'abord aux professionnels. C'est aussi la raison pour laquelle les créateurs du terminal n'ont pas jugé bon de le doter de navigateur Internet, même si le projet est "à l'étude", indique le directeur des ventes France de la société.Pour l'instant, Blackberry est uniquement tourné vers les moyennes et grandes entreprises. Car pour s'équiper, le candidat potentiel doit d'abord faire l'achat d'une licence (3.811 euros) puis débourser ensuite 608 euros par PDA. Et disposer d'un service informatique, d'où la solution sera entièrement gérée. "Le service informatique installe le logiciel (qui intègre une plate-forme java) sur ses serveurs de messagerie, qui transfèrent les messages à BlackBerry par Internet et le réseau sans fil", explique Michel Androt. Commercialisé aux Etats-Unis depuis fin 1999, Blackberry a déjà conquis 13.500 utilisateurs, faisant partie de groupes tels que Merrill Lynch, Goldman Sachs ou IBM. Maintenant, la société se concentre sur son développement en Europe. En Grande-Bretagne, Blackerry fait déjà partie de l'offre de services haut débit de mm02 (filiale de BT Group) et en Allemagne, l'offre est commercialisée par T-Mobile (Deutsche Telekom) et Viag Interkom (BT Group). Les négociations sont en cours en Hollande, en Italie, en Irlande et en France. Dans l'Hexagone, les entreprises ne devraient pas pouvoir s'équiper avant septembre prochain. En effet, RIM ne vend pas directement sa solution, mais charge les opérateurs de le faire, ces derniers détenant ainsi un nouvel argument pour commercialiser leurs nouvelles offres haut débit. Du coup, pour RIM, une grosse partie de la rémunération de Blackberry provient d'une rétrocession sur les minutes consommées, négociable au cas par cas aves les opérateurs. Pour RIM, société cotée au Nasdaq, les revenus issus des Blackberry représentent déjà 60% du chiffre d'affaires total.Sandrine Cassini

latribune.fr

20 Oct 2008, 3:05

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