Leo Kirch quitte la tête de KirchMedia

Leo Kirch a annoncé lundi soir qu'il quittait ses fonctions à la tête de la principale société de son groupe en difficulté, KirchMedia, après que celle-ci eut déposé son bilan en raison d'un état de cessation de paiement. Dans une lettre envoyée aux salariés de son groupe, l'homme d'affaires écrit: "J'aurais bien continué à assumer la responsabilité pour notre entreprise et à assurer son avenir. A présent, on m'a retiré la direction des mains. Je voudrais prendre congé de vous et vous remercier chaleureusement pour votre collaboration fidèle". C'est en début de journée que KirchMedia a déposé son bilan, confirmant ainsi les rumeurs qui couraient sur les marchés ces dernières semaines. Les quatre banques créancières du groupe de Leo Kirch (la Bayerische Landesbank, l'HypoVereinsbank, la DZ Bank et la Commerzbank), qui, depuis des semaines, négociaient avec les actionnaires minoritaires de KirchMedia et les dirigeants de Kirch eux-mêmes, devraient simultanément présenter un plan prévoyant la création d'une société pour racheter KirchMedia en faillite et éviter le démantèlement. Les banques interviendraient ainsi dans un premier temps, en attendant que des investisseurs du secteur des médias s'impliquent à leur tour. Une injection d'argent frais de 800 millions d'euros est prévue, selon le Handelsblatt. L'avenir de certains actifs reste incertain, mais celui de KirchPayTV pourrait être rapidement décidé. L'un des principaux conseillers de Kirch a annoncé au cours de la journée que le groupe allait demander la mise en insolvabilité de cette société, qui gère entre autre Premiere World, la chaîne de télévision à péage largement déficitaire. Et ce même si pour l'instant, la chaîne assure ne pas être sur le point de déposer le bilan, mais poursuivre des discussions avec les actionnaires.En fin de semaine dernière, les rumeurs faisaient état de l'échec des négociations entre les investisseurs, les créanciers et le groupe. Les différentes parties étudiaient en effet un plan de sauvetage d'urgence du groupe Kirch, globalement endetté à hauteur de 6,5 milliards d'euros. Ce plan prévoyait un prêt de la part des banques compris entre 150 et 200 millions d'euros. Mais les banques exigeaient que les actionnaires minoritaires, parmi lesquels se trouvent les groupes Mediaset, Fininvest (Berlusconi) et News Corp (Rupert Murdoch), participent au prêt, une condition que ces derniers ont refusé (voir ci-contre).KirchMedia, le pilier de l'empire de Leo Kirch, qui emploie 5.500 des 9.500 salariés du groupe, est le coeur du dense réseau de sociétés tissé par Leo Kirch depuis cinq décennies. Détenant les droits sur de nombreux films et programmes, dont ceux concernant la retransmission des matchs de la Coupe du monde de football et de la Bundesliga (championnat allemand de football), ainsi que plusieurs chaînes de télévision (SAT1, Pro Sieben, etc.), KirchMedia est d'ailleurs paradoxalement le plus rentable des trois grandes composantes du holding Kirch.Pour l'instant, la mise en insolvabilité de KirchMedia ne menace pas la retransmission des match de la coupe du monde de football, selon un communiqué diffusé par la FIFA. "Toutes les précautions nécessaires ont été prises au préalable afin de garantir la protection des droits de la Coupe du monde et des opérations liées à la diffusion de l'événement", a précisé la Fédération dans un communiqué. Les trois filiales concernées, KirchMedia WM AG, KirchMedia WMGmbH et Host Broadcast Services (HBS), ont été placées sous le contrôle de KirchSport AG, une société indépendante et saine, a assuré la FIFA. Par ailleurs, sur les 1,3 milliard de francs suisses (886 millions d'euros) que Kirch devait à la FIFA, la Fédération a assuré avoir déjà reçu 1,2 milliard, les 100 millions de francs suisses payables 20 jours après la Coupe du Monde étant couverts par des garanties bancaires.Ce dépôt de bilan n'ira pas sans susciter quelques remous politiques, et ce six mois avant les élections législatives allemandes. Déjà, le chancelier Gerhard Schröder s'est empressé d'analyser la faillite de Kirch comme étant le fruit de l'incompétence économique du gouvernement bavarois. Car c'est précisément le principal rival de Gerhard Schröder dans la course à la chancellerie, Edmund Stoiber, un conservateur proche de Leo Kirch, qui est actuellement ministre-président de la Bavière.
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