La F@c, "campus numérique", prépare sa première rentrée

Discrètement mais sûrement, le milieu universitaire investit le marché du "e-learning", comme le prouve la création de la F@c, première "université virtuelle" française. Issue d'un appel à projets lancé il y a deux ans par le ministère de l'Education, dans le cadre de la rénovation de l'enseignement supérieur, la F@c est pilotée par l'Université de Clermont II - Blaise Pascal et est animée par un consortium de dix universités françaises. Elle bénéficie aussi d'un partenariat étroit avec l'Université ouverte de Catalogne (UOC), une référence en matière de campus virtuels, puisque l'UOC compte aujourd'hui 25.000 étudiants en Europe et en Amérique latine. Objectif : accueillir lors de sa première rentrée, en novembre, au moins 200 étudiants désireux d'obtenir une licence de Commerce et vente en ligne.Aujourd'hui projet pilote au ministère, le "campus numérique" dispose d'un premier budget d'un peu moins de 2 millions d'euros, financé par le ministère, la Caisse des dépôts et la Caisse d'Epargne, et "plusieurs grands de la grande distribution". Une association public-privé encore exceptionnelle dans le milieu universitaire, mais qui reflète bien l'ambition du projet : s'inscrire dans la lignée des IUP, les instituts universitaires professionnalisés, lancés il y a dix ans. La cible de la F@c est donc un public de salariés, la formation dispensée s'inscrivant dans le cadre de la formation professionnelle continue... avec un financement partiel ou total par l'employeur. La formation étant destinée en priorité à répondre aux besoins des entreprises concernées, "le numerus clausus dépendra de la demande", souligne Claude Caillet, professeur à Clermont II et chef de projet de la F@c. Celle-ci veut ainsi éviter, autant que possible, de (re)mettre sur le marché du travail plus de diplômés qu'il n'y a de postes à pourvoir. "La durée d'une formation de niveau licence est de 18 mois en moyenne, à raison de deux heures par jour, cinq jours par semaine. Cela correspond à 700 heures de cours en face à face", souligne Claude Caillet. Mais ce "face à face" entre étudiant et enseignants n'aura pas lieu. D'où l'attention particulière portée à l'encadrement à distance des étudiants. Ceux-ci disposeront d'un tuteur, qui jouera le rôle de conseiller d'orientation, et d'un "facilitateur" pour chaque discipline. "Le facilitateur anime, organise et met en place la formation, à raison d'un pour deux groupes de 35 étudiants", explique Claude Caillet. "On reconstitue ainsi des classes virtuelles". L'étudiant, même isolé géographiquement, appartiendra donc à un groupe de travail clairement identifié, auquel il pourra faire appel en cas de besoin. Tuteurs et facilitateurs auront eux aussi reçu au préalable une formation aux spécificités de l'enseignement à distance. Les modules de formation sont validés par des experts de la discipline et par un conseil scientifique. L'accent est également mis sur le calendrier de la formation, à raison de deux modules tous les deux mois et d'examens tous les six mois, précédés d'un contact avec le tuteur pour valider la formation et répondre aux éventuelles interrogations des étudiants. Les examens semestriels, eux, auront lieu dans les conditions classiques, dans des centres d'examens régionaux. Bien qu'initiée et toujours pilotée par des universitaires, la F@c ne s'exonère pas des contraintes économiques : "notre objectif est de créer une structure rentable et pérenne dès la troisième année", souligne Claude Caillet, qui vise un rythme de croisière de 500 étudiants. "Nous sommes rentrés dans un système d'industrialisation de la formation, ose-t-il : nous construisons un cours comme on construit une voiture, sur la base d'un système qualité". A terme, la F@c devrait donc devenir une structure privée chapeautant deux filiales, la première dédiée à la production de contenus d'enseignement, la seconde gérant la commercialisation de ces contenus. "Les universitaires resteront majoritaires et contrôleront les contenus", souligne Claude Caillet. "Mais les différents partenaires pourront prétendre à un retour sur investissement justifié". La F@c prévoit déjà la création de trois nouveaux diplômes pour la rentrée 2003, dans les domaines du tourisme-hôtellerie, du management et de la banque-assurance. Un diplôme d'informatique de gestion devrait voir le jour en 2004. Sans attendre, les initiateurs du projet entendent bien multiplier les partenariats à l'international. Les candidats à l'inscription doivent être titulaires d'un diplôme de niveau Bac+2 commercial - BTS Commerce international, BTS Action commerciale ou IUT Tech de Co - et maîtriser l'anglais. Ils devront bien sûr être équipés d'un ordinateur et d'une connexion Internet, mais le haut débit n'est en rien indispensable. La sélection des candidats s'effectuera sur dossiers et après un entretien destiné à valider les acquis professionnels et l'expérience, ainsi qu'à apprécier la capacité des postulants à suivre une formation à distance. Le coût de la licence sera d'environ 2.700 euros et donnera accès à la formation mais aussi à des services annexes - bibliothèques virtuelles, partage de connaissances, conférences, etc.. Le dossier de pré-inscription est disponible en ligne à partir du 16 mai, sur le site www.lafac.net.
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