Amazon affiche le premier bénéfice de son histoire

Attendu au tournant par Wall Street et par le monde du commerce électronique dans son ensemble, Amazon n'est visiblement pas parvenu à résister plus longtemps : l'emblématique distributeur en ligne, qui avait promis pour le quatrième trimestre 2001 le premier bénéfice d'exploitation de son histoire, a publié avec quelques heures d'avance des résultats qui montrent qu'il a tenu ses promesses, et même mieux encore. A maintes reprises, Jeff Bezos, le fondateur et PDG du groupe, l'avait réaffirmé : au quatrième trimestre, le bénéfice d'exploitation pro forma - calculé selon une définition jugée trop restrictive par certains analystes financiers - serait enfin positif. De fait, le chiffre annoncé atteint 59 millions de dollars. Mais Jeff Bezos a réservé une surprise au marché : le bénéfice net est lui aussi symboliquement dans le vert, s'établissant à 5 millions de dollars, soit... 0,01 dollar par action. Sur la même période de 2000, la perte nette avait atteint 545 millions (1,53 dollar par titre), pour une perte d'exploitation de 60 millions. Quant au bénéfice net pro forma (hors charges liées aux acquisitions et aux programmes de rémunération des salariés), l'indicateur le plus surveillé par les analystes, il atteint 35 millions de dollars, contre une perte de 90 millions sur la même période l'an dernier. Autant de performances saluées à Wall Street : à la mi-séance, l'action Amazon bondissait de 20,87% à 12,28 dollars, un niveau au-dessus duquel elle n'a pas clôturé depuis le mois d'août.Confortant la bonne surprise des résultats, le chiffre d'affaires a lui aussi dépassé les prévisions les plus optimistes, pour s'établir à 1,12 milliard de dollars sur le trimestre, en hausse de 15% sur un an. Là encore, le groupe fondé par Jeff Bezos signe une première, passant pour la première fois le cap du milliard de dollars de ventes trimestrielles. Amazon termine ainsi l'année 2001 avec un chiffre d'affaires de 3,12 milliards de dollars, en progression de 13%, et une perte d'exploitation pro forma de 45 millions. L'international continue de contribuer à la croissance globale du groupe : les ventes des sites britannique, allemand, français et japonais ont augmenté de 81% au dernier trimestre de 2001, à 262 millions de dollars, soit 23,3% du chiffre d'affaires total. Les filiales au Royaume-Uni et en Allemagne ont en outre franchi le seuil de rentabilité d'exploitation sur le trimestre.Mais si le groupe de Seattle a passé avec succès un test qui aurait pu lui être fatal, tant la défiance des investisseurs à son égard a crû au cours des derniers mois, il n'est pas encore un groupe structurellement bénéficiaire : pour les trois premiers mois de 2002, il table sur un résultat d'exploitation pro forma au mieux à l'équilibre, au pire en perte de 16 millions de dollars, "soit entre 0 et 2% des ventes". Le chiffre d'affaires devrait s'inscrire entre 775 et 825 millions, en hausse de 11 à 18% sur un an. Autre motif de préoccupation : pour l'ensemble de l'année 2002, Amazon n'exclut pas d'afficher un taux de croissance inférieur à celui de 2001 puisqu'il évoque une augmentation des ventes "de 10% ou plus". Le résultat d'exploitation annuel, lui, devrait dépasser 30 millions de dollars. Face au ralentissement économique, Jeff Bezos et son équipe auront donc encore fort à faire pour assurer la croissance sans compromettre les fragiles acquis en termes de rentabilité. Une double exigence qui se reflète dans la dernière initiative marketing du groupe : l'offre "Super Saver Shipping" assure une expédition gratuite de la commande à condition que celle-ci dépasse 99 dollars (112 euros). Une promotion qui vise à l'évidence à favoriser la croissance du panier moyen. latribune.f
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