L'omniprésent M. Malone

John Malone est PDG de Liberty Media. Après avoir coupé l'été dernier le cordon ombilical qui le liait au premier groupe américain de télécommunications, AT&T, il est désormais seul aux commandes d'un groupe qui pèse 32 milliards de dollars à Wall Street et a réalisé l'an dernier près de deux milliards de dollars de chiffre d'affaires en multipliant les investissements stratégiques dans le secteur des médias.Mais ces chiffres ne disent rien de la nature de plus en plus incontournable du fort discret M. Malone dans l'industrie mondiale de la communication. Liberty Media détient 4% du capital d'AOL Time Warner, n'exclut pas de s'en offrir davantage et bataille ferme pour récupérer les droits de vote de ses titres. Une fois consommé le mariage des actifs télévisés de USA Networks avec Vivendi Universal, d'ici quelques semaines, Liberty sera actionnaire du groupe dirigé par Jean-Marie Messier à hauteur de 3%. Et il ne possède pas moins de 18% du capital de NewsCorp, le groupe de Rupert Murdoch.Vous avez dit influent? C'est probablement un euphémisme.Le groupe sis à Englewood, Colorado, détient également 50% des chaînes Discovery (l'autre moitié appartient à la BBC), une série d'actifs en Amérique latine, au Japon, et ses appétits européens ne sont plus un mystère pour personne depuis la tentative, avortée en février, de rachat de réseaux câblés allemands.Sur le Vieux continent, il lui faut pour l'instant se contenter, pour l'essentiel, de ses 27% dans Multithématique. Mais peut-être plus pour longtemps. On parle d'une nouvelle offensive en Allemagne. En France, John Malone pourrait songer à s'offrir Numéricâble. Jean-Marie Messier n'a de cesse de lui adresser de très publics appels du pied pour que Liberty et Canal Plus se lancent ensemble à la conquête du marché du câble européen.Ce mélange d'agressivité et de discrétion plaît à Wall Street. Liberty Media n'échappe certes pas à la déprime qui a saisi l'univers de la communication, et vient même d'ajuster ses comptes pour faire apparaître une perte de 3,71 milliards de dollars pour le quatrième trimestre 2001. Mais la sanction est moins lourde pour John Malone que pour d'autres : le cours de l'action Liberty Media a chuté de 14,3% depuis le début de l'année, de 5% sur un an. Sur les mêmes périodes, les dégringolades sont respectivement de 29,3% et 31% pour AOL Time Warner, de 32,35% et 37,1% pour Vivendi Universal.Avec 2,7 milliards de dollars de cash en caisse, un endettement net limité à 3,8 milliards de dollars, John Malone a les moyens de concocter de nouveaux coups qui ont de quoi faire frémir les géants mondiaux de la communication.Lesquels? Inutile de compter sur lui pour aller les dévoiler dans les journaux, dont il reste aussi éloigné que possible. Mais quand il parle, c'est en général pour dire quelque chose d'intéressant. Par exemple pour pronostiquer dans le Los Angeles Times que Barry Diller ne restera pas longtemps à la tête des Studios Universal où l'a placé Jean-Marie Messier...Retenez bien le nom de John Malone. Il n'a pas fini de faire parler de lui.Thierry Arnaud, à New York
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