Cela ne s'était jamais vu. Mais l'oracle d'Omaha n'a rien perdu de son savoir faire. Il a placé hier pour 400 millions de dollars d'obligations à rendement négatif, soit 150 millions de plus que prévu. Et le marché, dit-on, serait prêt à en prendre pour 100 millions de plus.Vous avez bien lu. Warren Buffett, 71 ans, 33 milliards de dollars, soit la deuxième fortune du monde derrière celle de Bill Gates, vous autorise à prêter de l'argent au groupe qu'il dirige, Berkshire Hathaway... à condition que vous lui versiez un intérêt tous les ans ! "Est-ce que prêter de l'argent à Warren Buffett est un privilège qui mérite qu'on le paie ?" s'interrogeait le New York Times, dans un titre clairement incrédule.Ces titres à cinq ans, baptisés "Squarz", ont été mis au point par Goldman Sachs. Ce sont des obligations assorties d'un warrant, ce qui en fait tout l'intérêt. Car si elle portent un coupon négatif de 0,75%, elle sont convertibles à échéance en actions Berkshire Hathaway avec un prime de 15%. Les obligations ont un rendement de 3%, mais les investisseurs acquittent un taux de 3,75% sur le warrant.Les taux d'intérêt sont à des plus bas historiques. Le groupe de Warren Buffett est l'une des huit sociétés à bénéficier aujourd'hui d'un rating "AAA". En ces temps d'incertitude et d'extrême volatilité sur le marché des actions, de tels arguments ne manquent pas de poids.Certains, bien sûr, trouvent que Warren Buffett pousse le bouchon un peu loin, voire trahit ses principes, lui qui a toujours dénoncé les travers de l'ingénierie financière pour mieux vanter une philosophie d'investissement qui tient en quelques principes simples : n'acheter que ce que l'on comprend, et, si possible, ne jamais vendre.Mais c'est oublier un peu vite que l'oracle d'Omaha n'a jamais pu voir une réelle opportunité sur les marchés sans aussitôt tenter de la saisir. Une fois de plus, c'est chose faite.

latribune.fr

20 Oct 2008, 5:13

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