Nouveau scandale sur les introductions en Bourse à Wall Street

Et un nouveau scandale à Wall Street! La célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, qui avait jusqu'ici largement échappé à la vague de mises en cause qui affecte ses consoeurs, est aujourd'hui soupçonnée d'avoir octroyé, à titre personnel, des avantages financiers considérables aux dirigeants des groupes qui lui donnaient des mandats. C'est du moins ce qu'affirme l'édition Internet du Wall Street Journal, qui s'appuie sur le travail d'une commission d'enquête du Congrès américain.C'est l'un des plus prestigieux établissements de Wall Street, et quelques uns des plus grands noms des affaires - des patrons d'eBay et de Yahoo ! jusqu'à celui de Walt Disney - qui sont impliqués dans cette affaire. La pratique mise en cause par les enquêteurs du Congrès remonte à la fin des années 90, à l'époque où la bulle Internet était à son maximum. En ces jours lointains, les introductions en Bourse se succédaient sans interruption et constituaient autant de succès garantis. Les investisseurs se ruaient sur la moindre start-up, espérant qu'elle deviendrait une star de la "nouvelle économie", et les actions s'envolaient le plus souvent dès le premier jour de cotation.Autant dire que les établissements financiers chargés de l'introduction détenaient un pouvoir considérable : celui de répartir les actions à leur cours d'introduction. Différents établissements financiers sont donc soupçonnés d'avoir utilisé ce pouvoir pour conforter leurs relations avec leurs gros clients, ceux qui leur apportaient des mandats juteux de banque d'affaires. La "reconnaissance" des banques se manifestait alors par l'attribution de généreuses enveloppes de nouvelles actions sur les comptes titres personnels des chefs d'entreprises sélectionnés.Différentes enquêtes en cours attribuent de telles pratiques à Salomon Smith Barney, la banque d'affaires de Citigroup, et Credit Suisse First Boston. Et selon le Wall Street Journal, Goldman aurait donc également cédé à la tentation.Parmi les dirigeants d'entreprises clientes de Goldman favorisés lors des introductions en Bourse - certains auraient reçu des titres lors de plus de 100 opérations! - figureraient ainsi Margaret Whitman, directrice générale du site de vente aux enchères sur Internet eBay, Jerry Yang, co-fondateur du portail Internet Yahoo !, Michael Eisner, PDG de Walt Disney, et bien d'autres. Autant d'entreprises qui faisaient souvent appel à Goldman pour leurs opérations financières et lui versaient, à ce titre, des dizaines de millions de dollars de commissions.Détail croustillant : les heureux bénéficiaires de ces largesses, qui permettaient souvent de multiplier la mise de départ en un jour ou deux, incluent des dirigeants de firmes qui elles-mêmes sont aujourd'hui au coeur de scandales majeurs, comme John Sidgmore, PDG de WorldCom, ou encore Dennis Kozlowski, ex-PDG de Tyco (voir notre dossier ci-contre). Du côté de Goldman, on réfute catégoriquement les allégations rapportées par le Wall Street Journal. Selon un porte-parole de la firme, les données rassemblées par les enquêteurs sont "une énorme déformation des faits". Goldman Sachs affirme que les allocations d'actions à l'émission étaient effectuées de façon impartiale en fonction du portefeuille de ses clients et de leur type de comportement boursier. Reste que cette nouvelle affaire ne va pas contribuer à restaurer la confiance des investisseurs américains dans le fonctionnement de leurs marchés financiers.
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