L'industrie française en piètre condition

Les données publiées vendredi matin par l'Insee n'augurent rien de bon sur l'activité économique française, et notamment sur l'industrie qui compte pour environ un quart du produit intérieur brut (PIB). En août, la production industrielle s'est repliée de 0,9%, portant son recul sur un an à 1,2%. Certes, la vague de chaleur de l'été a sans doute eu un impact négatif en limitant la production d'énergie mais ces chiffres démontrent une fois de plus la faiblesse actuelle de l'industrie. D'ailleurs, hors énergie et alimentation, la production manufacturière affiche un recul de 0,8% sur un mois et de 1,8% sur un an.Face à ces mauvais chiffres, les économistes ne voient guère de raisons d'espérer. Stéphane Deo chez UBS Warburg considère que "le secteur industriel sera en récession au troisième trimestre, avec un recul probable de 0,5%, ce qui est une mauvaise nouvelle pour la croissance". Dans ces conditions, Stéphane Deo estime dans ces conditions que l'on ne peut écarter "le risque d'une récession de l'économie française". En milieu de semaine, l'Insee en publiant ses prévisions pour la fin de l'exercice 2003 a indiqué tabler sur une croissance cette année de 0,2% mais selon l'économiste d'UBS Warburg on pourrait en fait "être proche de zéro".Certes, les services montrent des signes de redressement et pourront apporter un soutien à la croissance. Tout comme les exportations à condition que l'appréciation de l'euro ne les handicape pas trop. Quant à la consommation des Français, elle pourrait être soumise à rude épreuve. Inquiets de la détérioration observée sur le marché du travail, les consommateurs sont déjà tentés de réduire leur dépenses et d'épargner. Et les derniers chiffres de l'inflation font peser un risque supplémentaire sur leur pouvoir d'achat. En septembre, les prix ont progressé de 0,5%, portant l'inflation sur un an à 2,2%. Cette poussée de fièvre explique l'Insee est due "à deux facteurs principaux : d'une part, le renchérissement habituel de l'habillement et des chaussures sous l'effet des sorties des soldes estivaux et des fins de promotions; d'autre part, le net renchérissement de l'alimentation en raison d'une forte hausse des prix des légumes frais". Les produits frais ont affiché en septembre une hausse de 5,8%. Cette flambée des prix est perçue comme un nouveau coup dur pour les économistes. Laure Maillard (CDC-Ixis) juge que "cette hausse, combinée avec l'augmentation du prix des cigarettes à venir en octobre, va réduire le pouvoir d'achat des consommateurs et probablement affecter les dépenses de consommation pour le second semestre". Les prix devraient cependant retrouver une certaine sagesse dans les mois à venir en raison de l'appréciation de l'euro qui limite l'inflation importée. Reste que comme le souligne Marc Touati, de Natexis Banques Populaires, la situation de la France aujourd'hui se rapproche de la stagflation c'est à dire que "malgré l'absence de croissance significative, les distributeurs augmentent leurs prix pour essayer de compenser la faiblesse du chiffre d'affaires".
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