Etrange anniversaire

Il y a meilleure façon de célébrer un premier anniversaire de mariage. Quelques semaines après la démission de Jean Peyrelevade, c'est au tour de Dominique Ferrero de quitter à son tour le groupe Crédit Agricole-Crédit Lyonnais. On sait que le caractère trempé de ce banquier, considéré comme un des meilleurs professionnels de la place, n'a pas constitué le meilleur facteur d'intégration au sein du groupe mutualiste. Mais Dominique Ferrero, après avoir rechigné, s'était ardemment battu il y a un an pour que les deux établissements se rapprochent. Son rôle au sein du nouvel ensemble, où il pilotait la banque de financement et d'investissement, le plaçait au coeur du dispositif. Ce sont ces activités qui doivent supporter les plus grands efforts de restructuration, et le bon déroulement du rapprochement de leurs équipes constitue le meilleur test du succès ou de l'échec de cette fusion à 15 milliards d'euros.Pour toutes ces raisons, l'éviction de Dominique Ferrero constitue un signal négatif. Désormais, ce sont des hommes issus de la banque verte qui détiennent tous les leviers de commande du nouvel ensemble. Il est trop tôt pour juger s'ils en ont les capacités, mais les difficultés rencontrées par le Crédit Agricole pour "digérer" de nouveaux éléments dans les strates supérieures du management augure mal de sa capacité à le faire à des échelons inférieurs. Pour l'établissement, rien ne serait pire que de voir une hémorragie parmi les cadres du Crédit Lyonnais. Des cadres que le redressement de leur banque a rendus particulièrement combatifs. Cet esprit de conquête, largement insufflé par Dominique Ferrero, reste bien utile pour réussir une fusion que l'on disait être "entre égaux" il y a un an.D'autant que la direction de la banque verte ne manque pas de défis à relever. Accaparée ces derniers temps par le règlement de l'affaire Executive Life, elle doit maintenant se pencher sur le dossier de ses relations avec le groupe Lazard. Dans les mois qui viennent, la structure de contrôle de la banque d'affaires va évoluer avec le rapprochement des holdings de tête (Eurazeo et Rue Impériale). La fougue d'un Dominique Ferrero aurait peut-être été utile pour défendre les intérêts du minoritaire qu'est le Crédit Agricole depuis le rachat des parts de Vincent Bolloré. Un investissement onéreux, qui ne s'est pas traduit par des partenariats opérationnels et qui, pour couronner le tout, recèle une coquette moins-value.
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