L'avenir de l'Irak au menu des Nations unies

Alors que Jay Garner, l'administrateur civil de l'Irak, est arrivé à Bagdad, le Conseil de sécurité de l'Onu va se pencher aujourd'hui sur l'épineux dossier de la reconstruction de l'Irak. Plusieurs points devraient être évoqués: la question d'un éventuel retour des inspecteurs en désarmement auquel Washington est opposé et surtout les conditions à une levée des sanctions imposées au pays depuis la première guerre du Golfe.Par la levée de ces sanctions, les Etats-Unis voudraient obtenir la reprise des exportations du brut irakien qui, selon les termes de l'accord Pétrole contre nourriture, étaient soumises au contrôle des Nations unies. En l'absence d'autre autorité que celle des Etats-Unis en Irak, la levée immédiate des sanctions reviendrait à confier aux Américains la gestion des recettes des deuxièmes réserves d'hydrocarbures de la planète (112,5 milliards de barils pour l'Irak, 261,7 milliards pour l'Arabie Saoudite). La volonté des Etats-Unis devrait se heurter à l'opposition de la Russie et de la France, tous deux inquiets pour leurs intérêts économiques. Ces deux pays pourraient proposer "une levée par étapes", qui au moins provisoirement maintiendrait les Nations unies comme gestionnaires des ventes de pétrole. Dans l'esprit des Etats-Unis, les recettes pétrolières doivent servir à financer l'aide humanitaire et les travaux de reconstruction du pays.Le Conseil de sécurité pourrait ainsi demander dans un premier temps au secrétaire général de l'Onu Kofi Annan de nommer un représentant spécial pour l'Irak, qui faciliterait des donations ou des mises à disposition de troupes pour une éventuelle force internationale de paix. L'omniprésence américaine en Irak commence à faire grincer des dents y compris dans le camp des pays ayant soutenu l'intervention militaire. Ainsi le Japon a indiqué ce matin par la voix de son ministre des Finances qu'il souhaitait la création d'un fonds international destiné à contribuer à la reconstruction de l'Irak, en l'absence d'une administration irakienne souveraine pouvant recevoir et distribuer l'aide internationale. Le quotidien économique Nihon Keizai a affirmé mardi que plutôt que de verser de l'argent par l'intermédiaire des Américains, le Japon tenterait d'obtenir un accord sur l'établissement de ce fonds, à l'occasion du sommet du Groupe des Huit en France en juin. Tokyo proposerait alors que celui-ci soit construit sous les auspices d'une organisation internationale telle que la Banque mondiale ou le Programme des Nations unies pour le développement, a précisé le quotidien. Lors de ce G8 devrait aussi être discutée la question de la dette de l'Irak. Ce dossier devrait être également abordé demain à l'occasion de la réunion du Club de Paris. Tokyo a d'ores et déjà annoncé qu'il refusait d'effacer les 8 milliards de dollars que lui doit l'Irak (lire ci-contre), tout en précisant être prêt à en accepter le rééchelonnement. Les Etats-Unis, par la voix du secrétaire adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, avaient réclamé il y a quinze jours que la France, l'Allemagne et la Russie effacent "une partie ou toute la dette de l'Irak à leur égard". L'Irak est désormais administré par l'Office de reconstruction et d'assistance humanitaire (ORHA), dirigé par le général américain en retraite Jay Garner, qui est arrivé hier à Bagdad (lire ci-contre). Dès son arrivée dans la capitale irakienne, le général Garner, 65 ans, qui a pour tâche de superviser la reconstruction du pays et de favoriser l'émergence de nouvelles structures politiques démocratiques, a visité un hôpital, une station de traitement des eaux et une centrale thermique. Les forces américaines et britanniques vont s'associer aux ingénieurs irakiens pour rétablir les services de base comme l'eau et l'électricité, dont la capitale irakienne est privée depuis le 4 avril, a-t-il déclaré.
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