Nouvelle menace pour le câble

Le câble français est sinistré. Une étude commandée par l'Autorité de régulation des télécoms dressait récemment un bien sombre tableau. Pour des raisons tant structurelles que conjoncturelles, les câblo-opérateurs hexagonaux (Noos, NC Numéricâble, FTC) font presque tous face à la volonté de leurs principaux actionnaires de s'en retirer pour ne plus à avoir à en financer les déficits d'exploitation chroniques. Plutôt mal conçu dès le départ, puis concurrencé par les deux plates-formes de télévision par satellite, le "Plan câble" français avait fini par redresser la tête car il se révélait être une des rares technologies permettant à la fois de distribuer des programmes de télévision et d'établir des connexions à Internet. Grâce au haut débit, le câble retrouvait un intérêt certain, même si ce fut au prix d'investissements importants pour numériser les réseaux. C'est pourquoi l'émergence de la télévision sur les réseaux ADSL est tout sauf une bonne nouvelle pour les câblo-opérateurs. Car voilà une technologie qui permet elle aussi d'accéder à la fois à Internet et à la télévision. Et ce n'est pas seulement "sur le papier", puisque les expérimentations - dans les Hauts de Seine ou à Monaco - montrent qu'il est déjà possible de diffuser des programmes de télévision en qualité numérique, tout comme de proposer des services de vidéo à la demande. Dans le monde, selon une étude du cabinet NPA, ce sont 400.000 foyers qui reçoivent d'ores et déjà la télévision par le réseau téléphonique. La menace est d'autant plus directe que les zones desservies par le câble et l'ADSL sont les mêmes, à savoir les zones urbaines denses (villes grandes et moyennes). Et elle est d'autant plus palpable que ce développement technologique est surveillé de près par de sérieux parrains. Il y a quelques semaines, le gouvernement a réuni les principaux industriels français de la high-tech, et la télévision sur ADSL eut une part importante dans les discussions. Il y avait là Alcatel - numéro un mondial des équipements ADSL -, Thomson - qui construit des décodeurs qui peuvent aussi servir de modems -, France Télécom - dont le réseau ADSL couvrira 85 % de la population d'ici à fin 2004 - et enfin TF1 - trop content de promouvoir une technologie susceptible de faire pièce à la télévision numérique terrestre. La force de frappe et la capacité de lobbying de ces poids lourds pourrait s'avérer décisive et donner le coup de grâce au câble, qui attend toujours désespérément qu'interviennent des modifications réglementaires ouvrant la voie à une consolidation du secteur.
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