Munich Re encore en pertes au 2ème trimestre

Sale temps pour Munich Re. Le premier réassureur mondial a en effet fortement déçu jeudi en annonçant une perte nette de 365 millions d'euros sur le deuxième trimestre 2003. C'est certes un peu mieux qu'il y a un an, où la perte nette avait été de 383 millions d'euros, mais c'est une vraie douche froide pour les marchés puisque le consensus des analystes attendait, selon Reuters, un bénéfice net de 289 millions d'euros. Pour couronner le tout, l'agence de notation S&P a annoncé mercredi soir qu'elle abaissait la note à long terme du groupe bavarois de AA- à A+ avec une perspective stable. Selon l'agence de rating, cette dégradation tient compte de la "réévaluation des risques liés à l'activité de réassurance". Mais S&P fustige également "la position concurrentielle de Munich Re, caractérisée par des performances relativement mauvaises de ses activités de réassurance non-vie" et "la reprise plus lente qu'attendu des revenus du groupe". Cette dégradation était le cauchemar du réassureur: elle l'affaiblit en effet encore un peu plus vis-à-vis de ses clients, des investisseurs, et de ses concurrents directs, comme Swiss Re ou Berkshire & Hathaway, qui sont désormais mieux notés.On en oublierait presque que le trimestre de Munich Re n'a pas été aussi catastrophique que la dernière ligne du compte de résultat le laisse penser. Car la perte nette du groupe est uniquement due à des provisions passées pour faire face aux incertitudes entourant la taxation en Allemagne des moins-values boursières. Pour financer la baisse annoncée des impôts sur le revenu, le gouvernement de Gerhard Schröder envisage en effet de supprimer un avantage fiscal permettant aux assureurs de déduire ces moins-values des taxes à payer. Du coup, pour se prémunir contre toute décision de ce genre, le réassureur bavarois a passé 1,5 milliard d'euros de provisions. Mais son résultat opérationnel avant impôts est positif de 737 millions d'euros. Un bon résultat au regard des 1,32 milliard d'euros de pertes enregistrées au deuxième trimestre de 2002. Le groupe a surtout renforcé son portefeuille mobilier. La chute des marchés financiers avait été un des éléments de perte majeurs du groupe. Selon le groupe, la valeur des fonds gérés a progressé de 6 milliards de dollars entre avril et juin, soit 50% de plus qu'au premier trimestre. Selon Munich Re, "les effets de la chute des marchés action ont été absorbés dans le portefeuille du groupe". Et le réassureur d'ajouter: "même en cas de stagnation des marchés boursiers, nous ne prévoyons que des dépréciations très réduites pour le reste de l'année". Parallèlement, les résultats liés à l'activité d'assurance et de réassurance se sont bien comportés. L'activité réassurance a ainsi affiché au deuxième trimestre un résultat brut d'exploitation de 531 millions d'euros contre une perte de 1,2 milliard un an plus tôt.Reste que ces bonnes performances risquent de passer inaperçues. Et la question de l'augmentation de capital déjà évoquée cette semaine (lire ci-contre) va se poser avec acuité après la dégradation par S&P. Certes, dans son communiqué, le groupe a affirmé que "l'approvisionnement en fonds propres est tout à fait suffisant", mais les marchés pourraient ne pas être de cet avis. Le titre cède 5,45% en fin d'après-midi, à 95 euros.
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