Orange précise sa stratégie et ses objectifs

Trois mois après son arrivée au poste de directeur général d'Orange, Solomon Trujillo s'est enfin décidé à dévoiler ses objectifs et sa stratégie pour l'opérateur mobile. Et pour cela, il a choisi de s'exprimer ce matin à Londres lors d'une conférence durant toute la matinée, tandis que le groupe a parallèlement publié un communiqué décrivant la nouvelle stratégie.Ce sont les chiffres qui ont d'abord été évoqués. La prévision de croissance du chiffre d'affaires pour 2003, établie à 5%, a été confirmée. Par ailleurs, l'opérateur a annoncé qu'il attendait une hausse de 15 à 17% par an du résultat d'exploitation avant amortissement (REAA) entre 2003 et 2005. La hausse sera plus forte en 2003, puisque Orange table désormais sur un résultat de 6,3 milliards d'euros, soit un bond de 23,5%. Le nouveau patron de l'opérateur vise une marge de REAA de 40% en 2005, soit 11 points de plus que la marge atteinte en 2002. Quant au free cash-flow, il est attendu en hausse de 40 à 45% par an d'ici 2005, soit un total de 14 milliards d'euros. En 2002, le free cash-flow opérationnel était devenu positif, en atteignant 1,9 milliard d'euros, soit un quart du total généré par le groupe. Sur les éléments opérationnels, Solomon Trujillo est donc venu apporter des précisions par rapport aux prévisions faites lors de la publication des résultats annuels du groupe en mars dernier. A l'époque, Orange s'était contenté d'évoquer une croissance à deux chiffres pour le REAA (ex-Ebitda) et le résultat d'exploitation. Enfin, Orange a décidé de profiter des taux d'intérêts bas pour exercer son option de rachat le 1er août sur les obligations senior d'Orange arrivant à maturité en août 2008, pour un montant de 272 millions de livres. Si la hausse du chiffre d'affaires attendue reste modeste - en 2002, la hausse pro forma de l'activité était de 11,7% -, les nouveaux objectifs d'exploitation ne sont pas si mal accueillis. "La prévision de chiffre d'affaires est décevante, mais celle sur l'exploitation est meilleure que prévu, ce qui indique que la rentabilité s'améliore énormément", a fait part à Reuters l'un des participants à la conférence. En parallèle, le groupe a également promis d'accélérer sa croissance après 2003. Les perspectives en termes d'activité sont au centre des critiques des analystes. Car, avec une prévision de seulement 5%, l'opérateur se situe en dessous de ses rivaux, TIM, Telefonica Moviles et Vodafone, qui prévoient tous une hausse du chiffre d'affaires supérieure à 10%. En avril, Orange avait déçu les investisseurs en admettant qu'il avait conquis moins d'abonnés que prévu au premier trimestre. Ce qui avait conduit la plupart des analystes à revoir leurs prévisions de croissance pour l'opérateur largement en baisse. Une interrogation avait alors surgi. Orange n'était-il plus qu'un générateur de cash détaché de la conquête de parts de marché? Ce qui comporterait, à terme, le risque de décliner. Une crainte d'autant plus forte que les intentions d'Orange en termes de stratégie n'apparaissaient pas clairement aux yeux des analystes. C'est pourquoi tous les regards se tournaient ce matin vers Solomon Trujillo et ses orientations pour le groupe. Le nouveau patron a principalement annoncé qu'Orange allait rejoindre l'alliance commerciale de trois grands opérateurs européens, l'espagnol Telefonica Moviles, l'italien Telecom Italia Mobile et l'allemand T-Mobile. Les trois opérateurs avaient fait part de leur intention de former un front commercial fort en avril dernier afin de contrer le premier opérateur européen Vodafone. L'alliance a ainsi comme mission essentielle d'offrir des prestations unifiées sous une marque commune, en particulier à des clients à fort pouvoir d'achat, comme les hommes d'affaires (lire ci-contre). Deuxième pan de la stratégie: Orange va concentrer tous ses efforts sur l'Europe (ce qui inclut tous les pays qui doivent entrer dans l'Union d'ici 2007). Mais pas question de sacrifier les performances: toutes les filiales d'Orange doivent remplir de stricts critères financiers (REAA dans le vert en 2003 et free cash-flow opérationnel positif en 2004) et stratégiques (être au moins le numéro 1 ou 2 du marché ou détenir plus de 20% de parts de marché). Cela pourrait signifier par exemple la fermeture ou la cession du Danemark et des Pays Bas où le groupe détient moins d'un cinquième du marché, une option qui n'est pourtant pas envisagée pour l'instant.A Paris, les investisseurs restent modérés. Il faut dire que les annonces faites par le groupe n'ont pas surpris les analystes, que ce soit au niveau financier ou stratégique. C'est en tout cas la réaction d'Aurel Leven. La société de Bourse note qu'elle se contentera de revoir légèrement à la baisse ses prévisions 2003, augmentera celle de 2004 et plus faiblement celles de 2005. Aurel Leven s'attendait à ce qu'Orange rejoigne l'alliance des opérateurs. En conséquence, le titre ne gagne que 0,41% à 7,40 euros en clôture. Depuis le début de l'année, l'action s'adjuge 12,29%.
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