Axa éclaboussé par le scandale des "mutual funds"

Une semaine après la démission de deux de ses responsables, Alliance Capital se prépare à payer la note du scandale des "mutual funds". La filiale américaine de l'assureur français Axa va passer une charge de 190 millions de dollars dans ses comptes afin de faire face aux frais découlant de cette affaire. Alliance Capital devient ainsi la première société de gestion de fonds à provisionner une somme dans le cadre de ce scandale qui secoue la finance américaine depuis plusieurs semaines. En Bourse, le titre Axa perd 3,45% en fin de séance à Paris, une baisse plus forte que celle du marché qui était de 2,59% en clôture.Une centaine de fonds sont dans le collimateur du procureur de l'Etat de New York, Eliot Spitzer, pour des pratiques qui auraient floué des millions d'épargnants. Les "mutual funds", équivalents américains des OPCVM français (organismes de placement collectif en valeurs mobilières) gèrent quelque 7.000 milliards de dollars provenant de 90 millions d'épargnants. Ces fonds sont notamment accusés de pratiquer le "late trading". Cette méthode, totalement illégale, consiste pour une société de gestion à autoriser certains clients à passer des ordres sur ses fonds à leur valeur liquidative, mais après la clôture du marché. Egalement décrié, le market timing, ou "scalp de performance", consistant, pour un investisseur, à exploiter les écarts entre les valeurs liquidative et théorique d'un fonds. Cette pratique n'est pas illégale mais très critiquée car les entrées et sorties fréquentes dans les fonds qu'elle engendre privent les investisseurs de long terme d'une partie de la performance. Outre Alliance Capital, la filiale d'un autre établissement français est touchée par l'onde de choc de ce scandale. La société de gestion Loomis Sayles, filiale américaine de CDC Ixis AM basée à Boston (52 milliards de dollars sous gestion), a reconnu qu'elle était appelée à comparaître par Eliot Spitzer dans le cadre de l'enquête. La société a admis qu'elle avait laissé deux clients entrer et sortir à très court terme dans son fonds obligataire Loomis Sayles Bond Fund.Cette affaire des "mutual funds" touche de très grands noms de la finance américaine. Le courtier américain Morgan Stanley a annoncé cet après-midi avoir accepté de payer 50 millions de dollars aux termes d'un accord avec la SEC (Commission des opérations de Bourse américaine) pour régler une action qui était intentée contre lui. La SEC avait lancé cette action contre Morgan Stanley pour "ne pas avoir fourni aux clients des informations importantes ayant trait à leurs achats de parts dans des mutual funds", a précisé la SEC dans un communiqué. Ce règlement intervient après la conclusion d'un accord entre la SEC et Putnam, le cinquième gérant de fonds mutuels américain avec 263 milliards de dollars sous gestion. Ce fonds a promis de rembourser, après l'avoir calculé, le montant des pertes subies par les investisseurs. Le gestionnaire de portefeuille, établi à Boston, promet également dans le cadre de l'accord de mieux contrôler les pratiques de ses employés, et de réformer sa gouvernance d'entreprise dans le sens d'une plus grande indépendance de son conseil d'administration. Eliot Spitzer a trouvé les termes de cet accord trop indulgents.
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