Plan d'austérité à la SNCF

Après la grève, l'austérité: la direction de la SNCF vient d'annoncer au personnel de l'entreprise qu'il allait falloir économiser 100 millions d'euros d'ici à la fin 2003, afin de contribuer à amortir le coût des grèves du printemps, évalué à 250 millions d'euros. Des mesures qui toucheront, entre autres, les salaires et les embauches. Dans une interview publiée par La Vie du Rail, le directeur général exécutif de la SNCF, Guillaume Pépy, précise que ces économies seront faites "sur tous les postes. D'au moins 100 millions d'euros, en passant au peigne fin les dépenses courantes, sans tabou. Du train de vie de l'entreprise, aux achats à renégocier, à la masse salariale qui représente 50% du chiffre d'affaires, aux investissements", affirme M. Pépy, selon qui il s'agit d'un effort "douloureux mais indispensable". Les très fortes perturbations occasionnées sur le trafic SNCF en mai et en juin par les grèves contre la réforme des retraites ont coûté cher à l'entreprise. Selon Louis Gallois, président de la SNCF, chaque journée de grève coûte 20 millions d'euros. Sur ce total, 7 à 8 millions correspondent aux pertes subies par l'activité fret. Cette dernière est d'autant plus affectée que les préavis de grève courent généralement d'un soir à 20 heures jusqu'au surlendemain à 8 heures, ce qui correspond à une journée complète encadrée de deux nuits. Or, une grande partie du trafic de marchandises a lieu précisément la nuit.Tout cela frappe durement la SNCF: aux pertes de recettes s'ajoutent les indemnités à verser dans certains cas à la clientèle (essentiellement pour le fret) et même un retard dans les hausses de tarifs des trains en Ile-de-France qui, cette année, n'ont pas eu lieu au 1er juillet contrairement à l'habitude.Avec une ardoise totale de 250 millions d'euros, les dernières grèves vont donc peser lourd dans les comptes annuels de la SNCF. En fait, la compagnie ferroviaire estime que c'est tout l'équilibre économique du budget 2003 et probablement de 2004 et 2005 qui est compromis. En 2002, la SNCF avait finalement affiché un résultat courant en perte de 183 millions d'euros (avec un résultat net positif de 19 millions d'euros grâce à des plus-values immobilières), après avoir initialement espéré s'en tenir à un déficit de 70 millions. Jusqu'à ces dernières semaines, le groupe prévoyait de ramener son résultat courant à une perte de 144 millions en 2003 et à l'équilibre en 2004. Des perspectives qui semblent aujourd'hui compromises.Dès lors, la SNCF a décidé d'adopter un "plan de rigueur". Objectif: économiser 100 millions d'euros d'ici la fin de l'année. Baptisé "Starter", ce plan a été présenté le 26 juin par Louis Gallois aux directeurs d'établissement de la SNCF. Il prévoit des "mesures de reconquête" réparties sur le fret et le secteur voyageurs. Interrogé par l'AFP, le secrétaire général de FO Cheminots Eric Falempin a indiqué que ce "programme de rigueur comporte des recettes particulièrement dangereuses comme le gel des embauches, la non régularisation des emplois jeunes et la suppression des négociations salariales qui devaient déjà se tenir à la fin de ce premier semestre" 2003. Réaction plutôt fraîche également du côté de la CFDT-cheminots, pour qui la SNCF "utilise les grèves de mai et juin pour accélérer ses projets contenus notamment dans le 'Projet industriel 2003-2005', en niant le ralentissement économique qui constitue un des éléments clés de la situation de l'entreprise". Car selon Eric Thouzeau, secrétaire général adjoint de la CFDT-cheminots interrogé par l'AFP, "même si le conflit a un coût, il ne faut pas tout lui mettre sur le dos". Dès lors, selon le responsable CFDT, ce plan "ne nous va pas et cela d'autant qu'on assiste en même temps à un raidissement général de l'entreprise avec un certain nombre de sanctions envisagées, de procédures disciplinaires en cours, notamment pour des occupations de voies pendant le conflit, sans parler des jours de grève retenus sans le moindre cadeau". Pour le responsable de la CFDT-cheminots, "tout cela n'aide pas au climat général de l'entreprise et présage d'une rentrée sans doute difficile."
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