L'affaire Executive Life pousse Jean Peyrelevade à la démission

C'est un coup de tonnerre: Jean Peyrelevade, président du Crédit Lyonnais, a annoncé jeudi soir qu'il démissionne de ses fonctions. Raison invoquée dans le communiqué publié par la banque: Jean Peyrelevade veut "reprendre sa liberté de parole" dans l'affaire Executive Life.Cette démission surprise intervient beaucoup plus tôt que prévu. Le 9 septembre dernier, le PDG de la banque, qui vient de passer sous la coupe du Crédit Agricole, avait annoncé qu'il quitterait ses fonctions quand l'accord passé entre la banque et la justice américaine pour le règlement de l'affaire Executive Life aurait été entériné - au prix d'une amende de 575 millions de dollars. Mais c'est finalement l'inverse qui se produit: le patron du Lyonnais se voit contraint de quitter la banque pour assurer sa défense dans cette sombre affaire, où il risque gros.Le Lyonnais et le CDR (l'établissement public qui gère les anciens actifs du Crédit Lyonnais) étaient accusés par la justice américaine d'avoir organisé par portage illégal la reprise en 1993 de l'assureur américain en faillite Executive Life, à une époque où la loi américaine n'autorisait pas une banque à détenir plus de 25% du capital d'une compagnie d'assurances. Une partie des actifs d'Executive Life a par la suite été rachetée par Artémis, holding de François Pinault.L'accord conclu récemment entre la France et les autorités judiciaires américaines pour traiter le volet pénal de l'affaire est loin d'avoir tout réglé. On savait déjà que plusieurs personnalités françaises, au premier rang desquelles Jean-Yves Haberer, président du Lyonnais lorsque la banque française avait pris le contrôle de la société d'assurance californienne en faillite, étaient exclues de l'accord (tandis que François Pinault et Artémis doivent encore affronter des poursuites civiles potentiellement très coûteuses). Mais il apparaît désormais que c'est également le cas de Jean Peyrelevade."Un développement nouveau s'est produit tout récemment: le procureur américain semble vouloir désormais dissocier mon cas personnel de celui de la banque", précise en effet ce dernier dans le communiqué publié jeudi soir. Si le procureur veut désormais poursuivre personnellement le successeur de Jean-Yves Haberer, c'est sans doute du fait de la publication récente par The Economist d'un document qui tendrait à montrer que, contrairement à ce qu'il a toujours affirmé, Jean Peyrelevade était en fait informé de la nature illégale du montage financier mis en place par le Lyonnais pour reprendre Executive Life.Affirmant que "je tiens à la fois à ce que soient protégés les intérêts du Crédit Lyonnais et à retrouver ma pleine liberté de comportement et d'expression", Jean Peyrelevade réaffirme ce jeudi qu'il n'a "pas souvenir que quiconque ait attiré mon attention sur les conditions d'acquisition, éventuellement critiquables, d'Executive Life. Je n'ai pas compris qu'il pouvait y avoir eu un quelconque problème à cet égard avant le 31 décembre 1998".Il n'en demeure pas moins que le président du Lyonnais va désormais devoir se défendre seul. Et que sa démission accélérée semble montrer que le Crédit Agricole, nouveau propriétaire du Lyonnais, le laisse désormais à son propre sort.
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