Hans Blix demande "quelques mois" pour désarmer l'Irak

Hans Blix, le chef des inspecteurs en désarmement de l'ONU, a présenté son nouveau rapport devant le Conseil de sécurité. Très prudent dans la forme, il s'est montré, comme on s'y attendait, favorable à la poursuite des inspections pendant "plusieurs mois", se félicitant des progrès manifestés par les Irakiens dans leur coopération avec le processus de désarmement du pays.Le chef des inspecteurs a d'entrée de jeu souligné que ses équipes sont désormais en mesure "d'effectuer des inspections impromptues et de procéder à des surveillances aériennes" de l'Irak. Selon lui, "après une période de coopération pas très enthousiaste, les Irakiens sont maintenant plus coopératifs".Parmi les progrès mis en avant, Hans Blix a souligné que les autorités de Bagdad ont enfin fourni des listes de scientifiques en possession d'informations pertinentes sur les destructions d'armements illicites effectuées par l'Irak ces dernières années. Des interviews intéressantes ont eu lieu, et les inspecteurs veulent maintenant procéder à de tels interrogatoires à l'extérieur des frontières irakiennes.Les améliorations dans l'attitude du régime de Bagdad ont été particulièrement notables depuis une semaine, a-t-il souligné, mettant en avant les destructions de missiles Al-Samoud 2 effectuées par l'Irak. Que le régime de Saddam Hussein ait finalement accepté de détruire ces missiles dont la portée excède ce qu'autorisent les Nations Unies "est une mesure importante", a-t-il insisté.Certes, a-t-il souligné, de nombreuses questions restent posées. Combien de temps faudra-t-il pour y répondre? "Pas des semaines, pas des années", a-t-il lancé, affirmant que "avec une coopération active, et même proactive des Irakiens", il faudrait encore quelques mois pour mener à bien le travail de désarmement.Cette intervention a été suivie d'une autre de même teneur par Mohamed ElBaradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, selon qui il n'y a pas d'indication que l'Irak ait cherché à reprendre un programme d'armement nucléaire.Vote crucialEn réaction à ces interventions, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a exprimé sa conviction que le désarmement de l'Irak peut être obtenu "dans la paix". Pourquoi se lancer dans une guerre, a-t-il demandé, alors que la pression internationale est "efficace"? Réaffirmant clairement que la France "ne laissera pas passer une résolution qui autoriserait le recours automatique à la force", le ministre français a exprimé le voeu que lors du vote crucial de la nouvelle résolution, les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent en personne à l'ONU "pour se saisir ensemble du destin d'un monde en crise".Du côté américain, le secrétaire d'Etat Colin Powell a expliqué sans surprise, dans son discours devant le Conseil de sécurité, qu'il n'avait pas été convaincu par les interventions des deux chefs des inspecteurs. Il y a, en fait, un véritable "catalogue de non coopération" de la part de l'Irak, a-t-il affirmé.A la veille de la réunion de l'ONU, les Etats-Unis avaient déjà fait monter la pression, poussant plus que jamais pour l'adoption du projet de résolution déposé par eux-mêmes, le Royaume-Uni et l'Espagne, qui affirme que l'Irak n'a pas su saisir la dernière possibilité qui lui était offerte de désarmer volontairement. Intervenant jeudi soir lors d'une conférence de presse, le président George W. Bush avait déclaré d'une part que Washington soumettrait au vote dans quelques jours son projet de résolution et d'autre part que les Etats-Unis n'ont pas besoin de l'approbation des Nations Unies pour intervenir en Irak. "Nous appellerons au vote, nous voulons voir (les pays) se lever et donner leur opinion sur Saddam Hussein et sur l'utilité du Conseil de sécurité des Nations unies", a indiqué le président américain. Colin Powell a précisé vendredi que ce vote aura lieu "dans un avenir très proche". Mais selon certaines informations, Britanniques et Américains travailleraient à une nouvelle version de leur projet de texte, donnant un petit délai supplémentaire à l'Irak pour s'exécuter.
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