Les "Fallen angels" (anges déchus), ces groupes dont la note de crédit est tombée dans la catégorie infamante de "junk bond", littéralement "obligations pourries" ou plus courtoisement "hautement spéculatives", ont-ils suffisamment expié pour espérer emprunter le chemin de la rédemption et sortir de ce purgatoire boursier ? Certains l'ont déjà fait mais d'autres en sont encore dans la phase "recherche bonne note désespérément", à l'image d'un Vivendi Universal qui n'a d'autre stratégie que de revenir en catégorie d'investissement, de l'aveu même de ses dirigeants. La semaine passée, après avoir relevé la note de l'opérateur télécom néerlandais KPN lundi, l'agence Moody's a annoncé mardi qu'elle revoyait à la hausse, de stable à positive, la perspective de la note de Deutsche Telekom, le premier opérateur téléphonique européen. Une "bonne nouvelle pour Corporate Europe", c'est-à-dire le monde de l'entreprise en Europe, s'est d'ailleurs réjoui l'agence, qui y voyait elle-même un "signal encourageant". Car ce relèvement est symbolique : rappelez-vous en janvier dernier le coup de tonnerre de la dégradation de deux crans par Moody's de la dette de l'opérateur allemand, au bord du précipice de cette fameuse catégorie "junk bond". Aujourd'hui, l'agence de rating salue les "pas significatifs" réalisés par Deutsche Telekom pour réduire son "très gros fardeau de dette", 76 milliards d'euros au bas mot à la fin de 2003, provisions pour retraites comprises, selon Moody's. Vivendi Universal aussi a eu droit à un "bon point" jeudi soir. Moody's, toujours, a relevé la perspective de la note du géant des médias de négative à stable. La décision arrive à point nommé, à quelques jours du funeste anniversaire de sa déchéance en junk bond le 2 juillet, suivie de l'éviction de Jean-Marie Messier. En substance, Moody's reconnaît que des risques financiers demeurent et qu'ils sont élevés mais que VU est parvenu à se refinancer et à boucler des cessions d'actifs avec succès. En clair, tout cela méritait bien les encouragements du conseil de classe. Bravo à l'élève Fourtou ! Un satisfecit assorti toutefois de multiples mises en garde. VU devrait trouver son salut dans le jeûne financier et la cure d'amaigrissement auxquels il s'est astreint, mais la voie du rachat s'annonce encore longue et escarpée...

latribune.fr

20 Oct 2008, 2:34

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