Le gouverneur de la Banque de France défend la BCE contre Sarkozy

C'est une vigoureuse contre-attaque qu'a lancée jeudi matin Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, après les critiques lancées hier contre la Banque centrale européenne par Nicolas Sarkozy. S'exprimant à l'occasion d'une conférence de presse, Christian Noyer a défendu l'objectif d'un plafond d'inflation de 2% que s'est fixé la BCE, et a fermement rappelé au gouvernement français qu'il est "crucial" que la France respecte de nouveau le Pacte de stabilité de la zone euro.Mercredi, le ministre des Finances s'est était vivement pris à la BCE. A l'occasion d'une intervention au siège de l'UMP, il avait affirmé que, si le fait que la Banque centrale européenne place la lutte contre l'inflation au premier rang de ses objectifs "ne le gênait pas", il n'en allait pas de même du niveau de 2% d'inflation à ne pas dépasser. Il s'agit là d'un objectif, avait-il affirmé, que la BCE "s'est fixé elle-même", et qui "n'est pas dans les statuts".Christian Noyer, ancien vice-président de la BCE, lui a donc répondu très clairement ce matin. La stabilité des prix, a-t-il rappelé, "est un objectif primordial de toute politique monétaire". Et de plus, "l'observation empirique confirme", selon lui, que le choix d'un objectif de 2% d'inflation "paraît approprié".Le gouverneur de la Banque de France, qui présentait son rapport annuel au Président de la République et au Parlement, n'en est pas resté là. Mercredi, le ministre des Finances avait également critiqué le manque de dialogue qui caractérise, selon lui, les relations entre la BCE et les autorités politiques, affirmant que "l'indépendance, ce n'est pas l'absence de dialogue. La Federal Reserve Bank est totalement indépendante du gouvernement américain", mais cela n'empêche pas son président Alan Greenspan "de discuter trois fois par semaine avec le ministre des Finances américain. Tirons-en nous-mêmes un certain nombre de conséquences". A quoi Christian Noyer a répondu aujourd'hui que le dialogue entre la BCE et les gouvernements de la zone euro est d'ores et déjà "franc, complet et intense"...Ayant ainsi renvoyé le ministre dans ses buts, le gouverneur est ensuite passé à l'offensive: le gouvernement français doit absolument agir pour ramener le déficit français sous la barre des 3% du produit intérieur brut en 2005, afin de rentrer dans les clous du Pacte de stabilité de la zone euro. Une telle initiative est "cruciale", a-t-il souligné, rappelant que le Pacte "est un élément particulièrement important de la cohésion de la zone euro". Et pour bien enfoncer le clou, Christian Noyer a lancé une mise en garde très claire: "il faut se garder de l'illusion que le déficit public favorise la croissance". Alors que Nicolas Sarkozy peine à élaborer un budget pour 2005 susceptible de concilier des contraintes multiples et contradictoires - diminution du déficit, respect des promesses du président en matière de priorités sociales, etc... - le gouverneur a fermement rappelé que "une part non négligeable de la dégradation des finances publiques françaises est structurelle". Autrement dit, le gouvernement ferait mieux de s'atteler à des réformes de fond, plutôt que de s'en prendre à la politique conjoncturelle de la Banque centrale européenne...Christian Noyer s'est montré plus conciliant envers le gouvernement en affirmant que la Banque de France "a l'intention de vendre un peu" d'or, un "ordre de grandeur de 5 à 600 tonnes" n'étant "pas exclu". L'idée de vendre de l'or pour contribuer aux besoins de la nation avait été avancée par le gouvernement ces derniers mois. Sachant que la contribution qui pourrait en résulter ne saurait être que symbolique.Sur un plan plus général, enfin, le gouverneur a estimé que "la hausse continue du prix du pétrole n'est pas la bienvenue dans les circonstances actuelles", mais que ce prix "ne menace pas la reprise économique européenne et les prix à moyen terme".
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