L'Allemagne légalise l'approche directe par téléphone

Richard Fudickar, consultant chez Boyden et président de l'antenne allemande de l'AESC (Association des consultants en recrutement de cadres) exprime sa joie: "Nous sommes très heureux : nous avons toujours soutenu que nous ne portions pas préjudice à l'activité des entreprises que nous contactons. Les accusations comme quoi nos pratiques étaient illégales ont été écartées." Le droit de contacter des gens sur leur lieu de travail va de soi pour les chasseurs de tête des autres pays. Mais le droit allemand restait flou. En 1999, le jugement d'un tribunal de Stuttgart avait qualifié cette pratique d'immorale et contraire à la loi; en 2001 un tribunal de Karlsruhe avait jugé légaux les contacts téléphoniques aux horaires de bureau, seulement s'ils avaient pour but de fixer un rendez vous téléphonique après les heures de travail. Le tout dernier arrêt, délivré ce mois-ci par la plus haute instance juridique civile allemande, le Bundesgerichtshof, arbitre globalement en faveur de la décision de Karlsruhe. Ce nouveau jugement est intervenu après que Dechtle, une SSII allemande, ait poursuivi un cabinet de recrutement qui tentait de débaucher ses collaborateurs. Pour Rolf Behrens, directeur général de Banking Consult, un cabinet de recrutement de Francfort, cette décision permettra aux cabinets d'être plus directs. "Au cours des deux dernières années, des chargés de recherche établissaient le premier contact. Ils se présentaient comme étant d'un cabinet de recherche et non comme des chasseurs de têtes. Si les gens étaient disposés à cette approche, on leur indiquait qu'un chasseur les re-contacterait dans la soirée." Désormais, il sera possible de se présenter directement comme cabinet de recrutement, affirme Behrens. Pour Jürgen Merkel, directeur général de MB Consulting, un cabinet concurrent, ce jugement ne va pas changer grand chose: "on a toujours fait attention aux personnes que nous contactons. On leur a toujours dit que nous les rappellerions dans la soirée pour leur faire une proposition et on continuera demain à le faire de la même façon." Selon Bernd Weller, avocat en droit du travail pour le cabinet juridique Lovells de Francfort, chasser des salariés reste illégal dans les situations qui peuvent être qualifiées d'immorales. Comme par exemple d'inciter un salarié à partir avant le terme de son préavis ou encore de débaucher un salarié de la concurrence en vue d'affaiblir sa position sur le marché. Ce qui inclut dans les services financiers le recrutement d'équipes entières par un concurrent. "Débaucher légalement toute une équipe est difficile en Allemagne", indique Weller. Ce sur quoi Merkel n'est pas d'accord. "On peut débaucher des équipes sans problème. D'ailleurs on est en train de le faire", précise t-il.
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