La facture du terrorisme

La croissance des Etats-Unis flirte avec les 4%. Un million d'emplois y ont été créés au cours de l'année écoulée. " Les terroristes ont échoué, " résume Robert Hormats, vice-chairman de Goldman Sachs International. " Ils ont tué des milliers de personnes, mais ils n'ont pas compris à quel point l'économie américaine était solide et résistante ".New York offre aujourd'hui quelques chiffres à l'appui de cette affirmation. Après le traumatisme du 11 septembre, sa croissance est devenue plus rapide que celle du reste du pays. Les recettes fiscales émanant de l'impôt sur le revenu ont augmenté de 27% au premier trimestre 2004 par rapport à l'année précédente. Les prix de l'immobilier ont atteint des sommets inexplorés - il faut compter 1.250.000 dollars pour un trois pièces dans l'un des bons quartiers de Manhattan. La facture initiale des attentats pour la métropole, évaluée à 83 milliards de dollars, était probablement surévaluée et l'absorber paraît à la portée de la " Big Apple ".Mais la ville, aussi et surtout parce qu'elle demeure sous la menace d'un autre attentat, a changé. Les abords du New York Stock Exchange ont pris des allures de forteresses, avec un coût supplémentaire qui se chiffre en millions de dollars pour la Bourse comme pour la ville. Les grandes firmes de Wall Street ont investi massivement pour installer des bureaux et des centres de données décentralisés. Les transports en commun, déjà peu performants, sont perturbés presque chaque jour par des alertes.De ce point de vue, New York symbolise le paradoxe de la facture du terrorisme : elle existe, elle se voit, mais elle est impossible à évaluer avec précision.Robert Hormats souligne également que le comportement des investisseurs a été influencé : la proportion de placements liquides, moins exposés aux aléas du marché, a sensiblement augmenté. Il déplore que le terrorisme ait pu servir à justifier des baisses d'impôts excessives et auxquelles le Congrès aurait opposé, dans des circonstances moins tragiques, une résistance plus ferme. Il souligne que les restrictions drastiques relatives aux visas privent les universités et les entreprises américaines d'éléments brillants.Quant à un nouvel attentat à grande échelle, puisqu'il est impossible de le prévoir ou de se prémunir contre ses effets, autant gérer normalement ses affaires, avancent plusieurs responsables économiques américains. Ils reconnaissent que la prochaine fois, s'il devait malheureusement y en avoir une, pourrait produire une facture tout aussi délicate à évaluer, mais beaucoup plus difficile à surmonter pour la première économie de la planète.
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