Triste mois de novembre pour l'économie française

La reprise française reste mesurée. Une série de chiffres publiée ce matin semble confirmer l'idée d'un rebond lent et fragile de l'économie hexagonale. Ainsi, après un mois d'octobre de très bonne tenue, l'indice de la production industrielle recule de 0,4% en novembre sur un mois. En octobre, l'indice avait progressé de 0,8% et les économistes s'attendaient en moyenne à une hausse de 0,1%. Si on exclut l'énergie et l'agroalimentaire, la production manufacturière résiste mieux, mais n'en baisse pas moins sur un mois de 0,2% après une hausse de 0,5% en octobre. Il est vrai que le mois de novembre n'a pas été très favorable à l'industrie française. D'abord, la consommation a été médiocre et l'indice des biens de consommation en pâtit sévèrement : -1,4% sur novembre après une hausse de 1,6% en octobre. Parmi les secteurs les plus touchés, citons l'industrie du textile dont l'indice décroche de 6,3% en un mois. Mais l'industrie française n'a pas réellement non plus pu profiter du relais de croissance de la demande externe. Les Douanes ont en effet rendu publics les chiffres du commerce extérieur français pour novembre. Ils dénotent une morosité générale de l'activité. Certes, l'excédent s'accroît à 411 millions d'euros contre 270 millions d'euros en octobre, mais exportations comme importations reculent, ce qui n'est pas de bon aloi pour l'économie. Les exportations baissent ainsi de 2% sur un mois à 26,32 milliards d'euros. Sur trois mois glissants, leur hausse n'est plus que de 1,9%. Selon les Douanes, "la reprise des exportations reste fragile", notamment en raison de la stagnation des exportations de biens d'équipement et des biens intermédiaires, c'est-à-dire des exportations liées à l'investissement des entreprises. A cela plusieurs explications sont possibles : la reprise de la hausse de l'euro, bien sûr, mais aussi la faiblesse de l'activité cet automne, outre-Atlantique. Quoi qu'il en soit le moteur externe semble bel et bien en panne. Dans ce contexte, rien d'étonnant à ce que les importations glissent fortement (-2,5% sur un mois). Certes, la baisse du dollar favorise sans nulle doute la baisse en valeur des achats de biens, mais le manque de dynamisme de l'économie en novembre les a également freinés. Les Douanes notent ainsi un repli des importations en provenance de l'UE dans la branche des biens intermédiaires. Ces achats ne sont pas affectés par l'euro et montrent bien un recul de la demande et donc de l'investissement. Reste que rien n'est réellement perdu et les chiffres de ce matin montrent certaines tendances de fond positives. Ainsi, l'indice de la production dans les biens d'équipement progresse de 1%. Un chiffre il est vrai dopé par le secteur des transports (+8,5%), mais la hausse de la production des équipements mécaniques (+1,8% sur un mois) et de produits chimiques et plastiques (+1,4%) montre un certain dynamisme. De même, la reprise allemande n'est pas sans impact: les Douanes notent ainsi "une poussée des ventes d'équipements informatiques et de téléphonie mobile en Allemagne". La France est donc plus que jamais à la croisée des chemins. La faiblesse de la demande interne ne permet pas de tabler sur un rebond vif et rapide et la dépendance de la reprise à la demande extérieure est inquiétante. En cas de retournement aux Etats-Unis ou de poussée excessive de l'euro, c'en sera fini des espoirs de croissance dans l'Hexagone. Mais nous n'y sommes pas et Laure Maillard, économiste chez CDC-Ixis, considère que le "point bas de l'activité industrielle est dépassé". La reprise, si elle est confirmée, restera donc lente.L'inflation encore élevée, malgré l'euroSi la hausse de l'euro rend les importations meilleur marché, les consommateurs ont bien du mal à s'en rendre compte sur les prix affichés. Conformément aux attentes des économistes, la première estimation de l'inflation pour décembre montre certes une hausse limitée des prix en fin d'année (+0,1%). Mais en rythme annuel, 2003 aura été une année d'inflation relativement élevée : 2,2% en données nationales et 2,4% en données harmonisées européennes. Du jamais vu depuis 1996! En fait, l'inflation sous-jacente, hors tarifs publics, produits à prix volatils et fiscalité, reste plus sage : +1,7% sur un an. La hausse du tabac (+30,2% cette année) explique donc en partie ce niveau élevé des prix. Mais ce sont surtout les services qui pèsent lourd: +2,4% sur un an. Il est vrai que ces activités sont également souvent pénalisées par la fiscalité ou par des tarifs publics (eau, transports, etc.). Pour 2004, Laure Maillard estime que l'inflation devrait "décroître lentement" pour atteindre sur l'ensemble de l'année un rythme annuel de 1,8%.
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