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C'était une belle idée. Décerner un label d'excellence aux sociétés de taille moyenne, voire très petite, s'engageant à une communication financière exemplaire, afin de les distinguer du tout-venant et les sortir de l'anonymat : site Internet à jour, communiqués traduits en anglais et publication de rapports tous les trois mois, à l'américaine. Il y a tout juste deux ans, Euronext lançait deux segments marketing, NextEconomy pour les valeurs de la "nouvelle économie" selon la terminologie de l'époque qui sonne si désuète aujourd'hui, et NextPrime, pour les valeurs des secteurs traditionnels, ayant l'ambition de se mettre au niveau des standards internationaux. Las, la belle idée a vécu. Vendredi, Euronext a fait savoir que les 266 membres des deux segments ne seraient plus tenus de publier des comptes trimestriels, comme ils y étaient obligés justement à partir de ce mois, préférant s'en remettre au volontariat et renonçant ainsi à l'un des principes fondateurs desdits segments. "Refus d'obstacle !", ironise un observateur amateur d'équitation. Simple assouplissement temporaire, se défend Euronext, qui dément battre en retraite : il s'agit d'une "flexibilité" offerte dans le droit fil de la future directive "Transparence" de la Commission européenne. Les ministres des Finances des Quinze, très divisés sur le sujet des comptes trimestriels, avaient abouti à un compromis prévoyant la publication de rapports... sans chiffres! Les investisseurs devront se contenter d'un "résumé des événements", de type modifications du capital, sauf pour les quelque 2.000 pionniers publiant déjà des résultats trimestriels sur les 7.000 émetteurs européens. Chez NextEco et Next Prime, seule une trentaine de membres avait devancé l'appel et la plupart des sociétés labellisées devraient se féliciter de l'abandon de cette règle dont beaucoup réclamaient la suppression, parce que trop contraignante et surtout coûteuse. Le coût est précisément l'argument déjà invoqué à Bruxelles. Et Euronext explique que ce serait accabler les entreprises que de leur imposer cette contrainte en plus du passage obligée aux nouvelles normes comptables IFRS en 2005. Et à quoi bon se montrer plus royaliste que le roi, fait valoir en substance l'entreprise de marché, s'abritant derrière l'évolution des positions européennes? Alors, pourquoi maintenir ce club des champions de l'information financière auto-proclamés? Ces segments et leurs indices sont en outre peu utilisés, voire à peine connus des gérants. On ne peut cependant que s'attrister de voir une belle idée péricliter à un moment où le traumatisme Parmalat et le vent de panique sur Adecco nous rappellent toute l'urgence de cette exigence de transparence.
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