C'est quoi, au juste, une "privatisation rampante" ?

Pièce principale de l'accusation: la politique de l'opérateur ferroviaire en matière de filiales. La SNCF n'en compte pas moins de... 687! Dans tous les domaines: fret, grandes lignes, commercialisation des billets en ligne... L'an dernier, deux de ces filiales sont effectivement passées dans le secteur privé: la Société Hydro-Electrique du Midi et Télécom Développement. Les syndicats font de la Sernam un cas plus emblématique encore: filialisé en 2000, l'ex-service de messagerie de la SNCF a quitté le giron du secteur public deux ans plus tard.On comprend pourquoi une migration du centre de gravité de la SNCF vers le secteur privé aurait de quoi susciter des inquiétudes, ou à tout le moins des interrogations. L'expérience britannique en la matière n'inspire pas l'enthousiasme. Elle a démontré que la gestion d'un opérateur ferroviaire ne s'improvise pas. Elle a permis de mesurer la difficulté à attirer des opérateurs privés vers les lignes les moins fréquentées, tandis que les candidats se bousculent pour l'exploitation des axes les plus rentables.Mais la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'américain Amtrak montre qu'un financement public (en l'occurrence à hauteur de 1,3 milliard de dollars pour l'année en cours) ne représente pas davantage un gage d'efficacité, s'il n'est pas assorti d'une ambitieuse combinaison de service public et d'efficacité économique. Le président George W. Bush vient d'ailleurs d'obtenir la tête du PDG d'Amtrak, David Gunn, après avoir placé des fidèles au conseil d'administration, déclenchant au passage une belle polémique avec ses adversaires démocrates.La SNCF est bien loin de tels extrêmes, ses services demeurent d'une qualité infiniment supérieure. Elle a dégagé 323 millions d'euros de bénéfices l'an dernier, malgré le poids financier du plan fret (245 millions de pertes). Elle est loin de faire de la privatisation une recette systématique. Parmi ses initiatives les plus récentes, IDTGV (réservation en ligne de billets à bas prix) est 100% publique, voyages-sncf.com est un partenariat à 50-50 avec Expedia. Privée mais rachetée par ses cadres, la Sernam a fait mieux que survivre.Conclusion: la SNCF mérite mieux qu'un débat caricatural public-privé. Et ses passagers aussi.
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