Coup de grâce pour le lundi de Pentecôte travaillé

Les salariés français vont sans doute pouvoir de nouveau goûter, en mai prochain, aux charmes du long week-end de Pentecôte. C'est ce que laisse entendre l'appel lancé aujourd'hui par le Premier ministre à "l'organisation libre" de la journée de solidarité pour les personnes âgées à partir de 2006. Un appel qui fait suite à la remise à Dominique de Villepin, ce matin, d'un rapport très critique sur le fonctionnement du dispositif cette année.Selon le Premier ministre, il convient donc qu'à l'avenir, la journée de solidarité soit mise en oeuvre "avec davantage de souplesse". Les employeurs, qu'ils soient publics ou privés, sont donc invités par Dominique de Villepin à "s'organiser librement en 2006" pour les modalités d'application des sept heures de travail supplémentaires demandées au nom du financement de la dépendance. Cette prise de position du gouvernement, qui semble bien enterrer le principe du lundi de Pentecôte travaillé, faite suite à la remise du rapport d'évaluation demandé à un comité présidé par le député UMP Jean Leonetti.Selon ce rapport, il est indispensable que la création de cette journée de travail supplémentaire soit perçue comme "nécessaire, efficace et juste", ce qui n'est pas le cas pour l'heure... La suppression du lundi de Pentecôte, en mai dernier, a été très mal vécue par une grande partie de la population, avec grèves et absentéisme à l'appui.Pour le comité d'évaluation, le problème vient notamment de l'effet d'entraînement qu'a eu l'Education nationale. En décidant dans presque toutes les académies que la journée travaillée supplémentaire serait le lundi de Pentecôte, l'Education nationale a amené la plupart des entreprises à faire de même.Pour qu'il n'en soit plus de même à l'avenir, il importe donc de changer les modalités de la journée travaillée dans le monde scolaire. Le comité Leonetti propose qu'à l'avenir les enseignants consacrent sept heures au projet d'établissement ou à du soutien scolaire. De cette façon, les élèves n'auraient pas à venir à l'école plus longtemps qu'auparavant, les écoles demeureraient donc fermées le lundi de Pentecôte, et les autres employeurs pourraient se déterminer en toute liberté en fonction de leurs propres critères.Le rapport ne préconise par pour autant la suppression de la mention du lundi de Pentecôte dans la loi en tant que solution de dernier recours. Mais selon le comité, si en 2006 "l'ensemble des services publics donnait l'exemple de la souplesse et de la concertation, il est probable qu'il ne serait utilisé dans le secteur privé que de manière exceptionnelle". Considérant par ailleurs que les 2 milliards d'euros dégagés par la journée de solidarité cette année ne seront pas suffisants sur le long terme pour financer le coût de la dépendance des personnes âgées, le comité passe en revue plusieurs pistes de financement additionnel, allant de l'augmentation de la part des prélèvements sur les revenus du patrimoine et les revenus de placement jusqu'à l'utilisation de l'impôt sur la fortune, en passant par une augmentation de la CSG. Prenant acte aussitôt des conclusions du comité, le Premier ministre a donc appelé aujourd'hui "les employeurs du secteur privé et l'administration à déterminer les conditions dans lesquelles seront effectuées les sept heures de travail supplémentaires en faveur de l'autonomie, qui pourront être réparties dans l'année". A cette fin, les ministres de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo et de la Fonction publique Christian Jacob vont devoir "préparer les textes réglementaires permettant aux employeurs publics et privés de s'organiser librement en 2006". De son côté, le ministre de l'Education nationale Gilles de Robien devra faire "des propositions avant la rentrée scolaire sur les modalités d'application du dispositif par les personnels de son ministère en dehors du temps scolaire".
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