"On voit mal une renégociation du traité constitutionnel..."

latribune.fr.- Quelle analyse portez-vous sur le vote des Français rejetant la Constitution européenne ?Sir John Holmes.- C'est un vote décisif, on ne peut pas discuter la marge du non. Nous regrettons beaucoup ce résultat, car nous pensons que le traité constitutionnel est un bon texte. Mais on ne peut que prendre acte du vote français. La question est donc désormais de savoir ce qu'il faut faire. Notre Premier ministre Tony Blair a déclaré qu'il faut se donner le temps de la réflexion avant de prendre des décisions. Le fait que les Néerlandais aient voté non eux aussi le 1er juin change évidemment la donne : deux pays fondateurs de l'Union européenne rejettent la Constitution, c'est un événement grave. On ne pourra pas faire comme si rien ne s'était passé.Ce rejet par la France peut-il être interprété comme une bonne chose pour le gouvernement britannique, dans la mesure où cela le dispenserait d'organiser un référendum qui s'annonce très difficile ?C'est une analyse que l'on peut lire dans les journaux britanniques et aussi en France, mais ce n'est pas la bonne. Nous voulons en effet ce texte, puisque nous pensons qu'il est bon pour l'Europe à 25. C'est vrai que le référendum en Grande-Bretagne ne s'annonce pas facile. Mais la campagne n'a pas commencé dans notre pays, et nous pensons toujours qu'il est gagnable.On ne peut rien décider avant d'avoir bien réfléchi à ce que le rejet du traité par la France et les Pays-Bas veut dire. Par exemple, puisque la Constitution ne peut entrer en vigueur, légalement, que si elle est adoptée par la totalité des pays membres, peut-on imaginer qu'il y ait un deuxième vote dans les pays qui l'auront rejetée ? Tant qu'on ne sait pas cela, faut-il s'engager dans l'organisation d'un référendum chez nous, qui va coûter beaucoup de temps, d'efforts et d'argent ? On peut se poser la question.Comment la Grande-Bretagne compte-t-elle agir en tant que président de l'Union européenne durant le deuxième semestre 2005 ? Peut-on envisager d'engager une renégociation du traité constitutionnel ?Cela semble peu probable. D'abord, le traité n'est pas mort, certains pays veulent continuer le processus de sa ratification. Mais même si le traité devient caduc, on voit mal une renégociation de ce qui a été négocié avec tant de difficultés... Il n'y aurait pas beaucoup d'enthousiasme pour relancer rapidement une telle aventure...Cela dit, dans l'hypothèse où le traité serait abandonné, on ne voit pas l'Europe rester en l'état, sans rien changer. Il est clair que cette question va dominer notre présidence. Nous essaierons d'avoir des discussions claires sur les implications de ces événements. Par exemple : qu'est-ce que cela veut dire sur la distance qui existe entre gouvernants et gouvernés ?Du point de vue britannique, la critique souvent formulée en France contre le traité, qualifié d'ultra-libéral, est-elle compréhensible ?Non, c'est un peu difficile à comprendre... Chez nous, il y a bien des gens qui reprochent à la Constitution tout le contraire : le fait d'être pleine de mesures trop sociales ! En fait, je crois qu'elle n'est ni trop libérale, ni trop sociale : c'est un cadre qui ne change pas la nature de l'Union.
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