Le retour de la croissance outre-Rhin ? Après trois années de quasi stagnation économique, la première économie de la zone euro a enregistré une croissance de 1,7% en 2004. C'est la plus forte croissance enregistrée depuis l'année 2000 selon l'Office fédéral des statistiques, qui a reconnu toutefois que ce chiffre avait été gonflé par le nombre plus important de jours travaillés en 2004 qu'en 2003. Selon l'Office, ces effets calendaires représentent 0,5 point de pourcentage. En dépit de cet avantage dû au plus grand nombre de jours ouvrés, la croissance de l'économie allemande reste inférieure aux estimations effectuées préalablement par le gouvernement de Gerhard Schröder, qui avait tablé sur une croissance de 1,8% en 2004. Pour mémoire, l'économie allemande avait progressé de 0,8% en 2001 et 0,1% en 2002, avant de reculer de 0,1% l'année dernière.A l'origine de ce léger sursaut de l'économie outre-Rhin, la très bonne tenue des exportations. En hausse de 8,2% en 2004, celles-ci ont constitué le principal moteur de l'économie allemande. "Malgré l'appréciation de l'euro face au dollar, qui pèse mécaniquement sur la compétitivité des entreprises européennes, les sociétés allemandes ont su tirer leur épingle du jeu grâce à la spécialisation de leurs produits à forte valeur ajoutée et à leur positionnement sur les marchés à forte croissance tels que les pays d'Europe de l'Est et la Chine", explique Alexandre Bourgeois, économiste chez Natexis Banques Populaires. De leur côté, les importations ont progressé de 5,7%. Globalement, le commerce extérieur a apporté 1,2 point de croissance en 2004.Ce dynamisme du commerce extérieur allemand compense en grande partie la faiblesse de la demande intérieure. Même si les investissements des entreprises ont timidement progressé de 1,2% - la première augmentation enregistrée depuis 2000 -, ils restent largement insuffisants pour doper une demande domestique frappée par l'atonie de la consommation des ménages. Après avoir stagné en 2003, celle-ci a reculé de 0,3%, les ménages, traumatisé par la montée du chômage, préférant épargner plutôt que de consommer. "Ce recul de la consommation est également dû à la politique de maîtrise des coûts salariaux unitaires engagée depuis une dizaine d'années par les entreprises allemandes. Pour accroître leur productivité et résister de ce fait à la concurrence internationale, la plupart d'entre elles ont limité la progression des salaires et procédé à moins d'embauches. Conséquence, la consommation stagne, voire recule", observe Alexandre Bourgeois.En dépit de ce timide rebond de la croissance - par comparaison, la France a enregistré une croissance de 2,1% en 2004 en données corrigées, celle des Etats-Unis devant atteindre 4,5% - l'Allemagne n'a pas réussi à respecter le Pacte de stabilité et de croissance. Pour la troisième année consécutive, le déficit devrait dépasser la limite de 3% du PIB établie par le Pacte communautaire et s'établir à 3,9%. Il s'est même creusé, malgré les efforts budgétaires engagés par le gouvernement. Il avait respectivement atteint 3,7% et 3,8% en 2002 et 2003.L'année 2005 sera-t-elle celle d'un retour dans les clous du Pacte de stabilité, comme le pronostique le ministre de l'Economie allemand, Wolfgang Clement ? La plupart des économistes en doutent. "Les récentes mesures ne devraient provoquer qu'une baisse de 0,3% du déficit cette année. De fait, il devrait atteindre 3,5%, et rester hors des limites du Pacte", anticipe Sylvain Broyer, économiste chez Ixis CIB. Pour 2005, Wolfgang Clement reste confiant. "Après 2004, qui a été l'année du tournant, la reprise économique va gagner en force en 2005", a-t-il précisé dans un communiqué. Les prévisions officielles de croissance, qui seront publiées le 26 janvier prochain, seront très attendues.

latribune.fr

19 Oct 2008, 21:47

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