Le Venezuela intègre le Mercosur - ou presque

Le Venezuela est-il devenu le cinquième membre du Mercosur (Marché commun du Sud, fondé en 1995 par l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay)? Aussi incroyable que cela puisse paraître, il était difficile d'apporter une réponse claire à cette question au lendemain du sommet de l'organisation réuni à Montevideo (Uruguay) le 9 décembre, qui avait à examiner la candidature du pays d'Hugo Chávez. Pour ce dernier, comme pour le chef de l'Etat argentin Néstor Kirchner, la république "bolivarienne" a bien été admise comme membre de plein droit. Mais l'uruguayen Tabaré Vázquez, dont le pays assurait la présidence tournante de l'institution, a affirmé que le sommet de Montevideo marquait seulement le début des négociations devant mener un jour à l'adhésion pleine et entière du Venezuela. C'est plus qu'une nuance. Répondant à La Tribune, Tabaré Vázquez a par ailleurs estimé que ce processus serait long: "L'intégration se fera par étapes, compte tenu des adaptations qu'elle suppose, notamment en matière de droits de douane. Aucun délai n'a été fixé". D'après un expert, pas moins de 6.000 positions tarifaires sont concernées. Fait également problème la participation vénézuélienne à la Communauté andine des nations (CAN), le Mercosur étant constitué en union douanière, ce qui suppose l'abandon d'accords préférentiels avec des tiers de la part des pays membres. Bref, et fort logiquement pour un ensemble qui est le résultat de vingt ans de négociations commerciales, l'adhésion du Venezuela est encore un chantier. Il est cependant indéniable que le sommet de Montevideo a fait un geste à l'égard de Chávez. "S'il n'est pas encore membre de plein droit, le Venezuela est plus qu'un pays associé, statut qui est celui de la Bolivie et du Chili", a reconnu Vázquez. "Il sera désormais à toutes les réunions, mais sans droit de vote". En définitive, les chefs d'Etat du Mercosur ont créé un statut ad hoc de "membre de plein droit en cours d'adhésion", figure juridique aussi nouvelle que paradoxale. L'avenir dira s'ils ont eu raison de prendre un tel risque. Faute d'une transition progressive mais réelle, certains craignent que l'entrée du Venezuela ne consacre un abandon des règles qui ont fait le succès du marché commun sud-américain et conduise à une politisation qui en marquerait le déclin. Si l'on peut expliquer l'attitude du Mercosur par un ensemble de facteurs, la raison principale d'une telle sollicitude a pour nom pétrole. Ou plutôt gaz, même si les pétrodollars dont Hugo Chávez ne sait que faire seront aussi les bienvenus, dans le cadre d'investissements mixtes ou pour acheter des titres de la dette (argentine en particulier). C'est ainsi qu'en marge du sommet, Venezuela, Brésil et Argentine ont signé un accord pour construire un gazoduc de 6.000 kilomètres qui permettra d'alimenter les centres industriels des deux derniers pays à partir des gisements du premier, qui recèlent les plus importantes réserves gazières du monde. Un projet de 15 milliards de dollars, qui pourrait voir le jour avant que Caracas n'ait finalisé son adhésion comme membre de plein droit.
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