Le poids des votes, le choc du "non"

C'est une révolution quasiment passée inaperçue. Les numéros des bateleurs auto-proclamés défenseurs des petits porteurs et la panne informatique, qui fit un peu désordre chez un groupe versé dans l'internet et les télécoms, ont éclipsé l'événement majeur de l'assemblée générale de Vivendi Universal jeudi : les actionnaires ont rejeté à plus de 58% la résolution du conseil d'administration visant à limiter à 2% les droits de vote de tout porteur. Une mesure que les chantres du bon gouvernement d'entreprise réprouvaient au nom du sacro-saint principe d'une action = une voix. Le débat fut des plus animés dans le grand auditorium du Carrousel du Louvre. Le PDG devenu président du conseil de surveillance, Jean-René Fourtou, agita le spectre de la prise de contrôle rampante. Un argument qui prêta à sourire au regard de la capitalisation de 25 milliards d'euros du groupe : acheter 2% de Vivendi revient déjà à investir la modique somme de 500 millions, quant aux 20% évoqués pour s'imposer en assemblée compte tenu du quorum, il s'agit d'immobiliser 5 milliards d'euros, ce qui n'est pas à la portée du premier "raider" venu et peut difficilement être réalisé façon "blitzkrieg". En outre, il existe des déclarations de franchissement de seuil informant la direction des mouvements dans le capital. Colette Neuville, de l'Association des actionnaires minoritaires, surprit tous ces collègues apôtres de la bonne gouvernance en proposant de limiter les droits de vote à 10% ! Proxinvest, promoteur de la campagne du "non" à cette résolution, rappela que 33 des 40 sociétés du CAC n'ont pas jugé nécessaire à la bonne marche de leur affaire cette restriction des droits de vote. La résolution 6A fut alors soumise aux actionnaires. Mais les jeux étaient déjà faits. Les grands institutionnels qui, habituellement, se contentent de s'abstenir pour manifester leur désapprobation, avaient donné leur consigne : voter "non". Une mobilisation en masse et sans précédent. Les petits porteurs qui avaient fait le déplacement n'ont pas pesé bien lourd sur cette décision. A titre d'exemple, dans une assemblée telle que celle de France Télécom, ce que les professionnels appellent le "poids de la salle", c'est-à-dire celui des 2 à 3.000 actionnaires présents, ne représentent que 1% du capital.... La démocratie actionnariale progresse, grâce aux actionnaires "d'en haut", pendant que les petits porteurs "d'en bas" continuent de faire de la figuration...
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