Euronext se lance dans la bataille pour le London Stock Exchange

Dans l'espoir de contrer l'offensive de Deutsche Börse, Euronext a présenté ce matin son offre sur le London Stock Exchange (LSE), destinée à rapprocher leurs activités. Une initiative qui devrait lui permettre d'engager des discussions détaillées avec actionnaires, clients et régulateurs. Mais la Bourse pan-européenne ne présente qu'une partie seulement de l'offre: aucune indication de prix n'est pour l'instant annoncée pour le rachat du premier marché d'actions européen. Pour mémoire, l'offre de Deutsche Börse, effectuée en décembre dernier, s'élève à 530 pence par action.Premier élément mis en valeur par Euronext, les synergies. "Euronext et le LSE sont des partenaires naturels, partageant un même modèle d'intégration horizontale de leurs activités, s'appuyant sur la technologie et favorisant la concurrence. Euronext a la ferme conviction qu'ensemble, ils donneraient naissance à un leader européen dont le potentiel dépasserait celui de tout autre rapprochement", précise Euronext dans un communiqué de presse. "Le niveau des synergies annoncé est deux fois supérieur à celui présenté par Deutsche Börse", constate d'emblée un analyste parisien interrogé par latribune.fr.Le montant des synergies de coûts et de revenus issues d'un tel rapprochement est évalué par Euronext à 203 millions d'euros avant impôts par an (152 millions d'euros de synergies de coûts à partir du deuxième exercice suivant le rapprochement, 51 millions de synergies de revenus à partir du troisième exercice). Quant aux coûts de restructuration et d'investissement, ils sont estimés à 184 millions d'euros. L'impact des baisses de tarifs devrait s'élever à 20 millions d'euros. "Le fait que les synergies chez Euronext soient deux fois plus importantes que chez Deutsche Börse au niveau des coûts notamment se justifie par la plus grande taille de ses marchés actions, ce qui génèrera donc des économies d'échelle plus conséquentes", commentent les analystes de Fideuram Wargny.Pour les clients du LSE, l'avantage d'un tel rapprochement serait double: il engendrerait d'une part une réduction moyenne de 10% des tarifs actuellement en vigueur au Royaume-Uni pour la négociation d'actions sur le carnet d'ordres électronique, avec l'engagement de poursuivre ces réductions et, d'autre part, une baisse de 10% sur les commissions de vente de données de marché pour les clients qui souscriraient à l'offre combinée d'accès aux données de marché. "Même si les synergies annoncées sont invérifiables, nous pensons qu'Euronext a les moyens de les atteindre du fait de ses précédentes expériences en la matière", estiment les analystes de Fideuram Wargny dans une note. "La société a déjà migré les systèmes de négociation de 4 marchés actions vers une plate-forme unique de négociation et intégré 5 marchés dérivés", ajoutent-ils.Par ailleurs, Euronext, qui recherchera une deuxième cotation à Londres, annonce avoir recueilli un accord de principe de la part de huit banques internationales en vue de l'octroi d'un financement bancaire. En outre, en cas de rachat, Euronext précise que le LSE resterait une Bourse britannique régulée par l'autorité boursière du pays, la FSA (Financial Services Authority), et continuerait à disposer d'un conseil d'administration indépendant."Nous avons toujours considéré que le rapprochement d'Euronext et du LSE constituerait une étape majeure dans la consolidation des marchés européens, pouvant permettre l'émergence d'un véritable leader mondial. Nous avons la conviction qu'ensemble, Euronext et le LSE sont à même de créer de la valeur pour leurs actionnaires et d'en partager les fruits avec leurs clients, créant ainsi la meilleure proposition dans la construction de l'Europe boursière", précise le président du directoire d'Euronext, Jean-François Théodore.Le groupe pourrait ainsi être prêt à mettre le prix pour faire l'acquisition du LSE. "D'après nous, Euronext proposera un prix supérieur à celui de Deutsche Börse car le groupe pan-européen est beaucoup plus agressif en matière de synergies", pronostiquent les analystes de Fideuram Wargny. Après avoir baissé dans la matinée, l'action Euronext se reprend et bondit de 5,36% à 25,55 euros à la clôture.De son côté, le LSE s'abstient de tout commentaire en raison du manque de précision concernant le prix de l'offre, mais affirme toutefois dans un communiqué que "le Conseil d'administration du London Stock Exchange prend note de l'annonce d'Euronext détaillant certains aspects d'une offre possible sur le groupe". En outre, il rappelle qu'il "reste désireux d'avoir des discussions avec des acquéreurs potentiels sur la possibilité d'une offre qui représenterait pleinement la valeur du groupe, qui offrirait des synergies et des perspectives de croissance attractives pour le LSE".
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