Après des bénéfices record, les entreprises redécouvrent l'investissement

Pour 2004, les records de bénéfices s'enchaînent. Pour ne citer que quelques sociétés, Arcelor, BNP Paribas, sans oublier les groupes pétroliers comme Total, ont enregistré des bénéfices historiques. Attendus en très fortes hausses, les profits ont parfois dépassé les attentes des analystes. "Les bénéfices par action hors éléments exceptionnels ont progressé de 20% en 2004 sur l'Euro Stoxx 50. Sur le CAC 40, les bénéfices nets par action retraités de l'exceptionnel ont progressé de 17,8% en 2004", confirme Vincent Treulet, stratège chez Ixis Securities.Sur l'Euro Stoxx 600, la progression des bénéfices a été "extraordinairement élevée", selon Pierre-Yves Gauthier, responsable de la stratégie chez Oddo, avec une croissance de 27% par rapport à 2003. "La conjoncture a été particulièrement favorable en 2004, en outre les entreprises n'ont pas cessé de se restructurer depuis l'éclatement de la bulle, créant ainsi une base de coût efficace dans une économie en croissance", ajoute Pierre-Yves Gauthier.Si le pic de croissance des bénéfices a semble-t-il été atteint, la croissance devrait être encore soutenue pour les années à venir. "Pour 2005, on attend une progression de 10,2% des bénéfices par action des entreprises sur le CAC et sur l'Euro Stoxx 50. Pour 2006, le CAC devrait encore voir les bénéfices des sociétés progresser de 10,4% alors que les sociétés de l'Euro Stoxx 50 verront leur bénéfice net par action progresser de 9%", souligne Vincent Treulet.Dans ce contexte, les entreprises, dont les caisses débordent de liquidités, auront à déterminer la manière dont elles vont les utiliser.RéinvestissementEn 2004 (comme en 2003, d'ailleurs), les bénéfices exceptionnels se sont traduits par l'annonce de grasses redistributions aux actionnaires, à l'instar de Bouygues, L'Oréal ou encore Vinci (voir ci-contre). Mais en 2005, cette tendance plutôt défensive pourrait s'atténuer. "Les sociétés ont cherché à reconstruire la relation de confiance avec les actionnaires en leur redistribuant des dividendes ou en rachetant des actions", analyse Pierre-Yves Gauthier, chez Oddo. "A présent elles se trouvent avec un surplus de liquidités tout en accusant parfois des retards en termes de réinvestissement industriel", précise le stratège.De fait, il estime que les entreprises vont se lancer dans des fusions et acquisitions pour rattraper ce retard. Le mouvement a déjà été amorcé avec le rachat de Gillette par Procter & Gamble, les rapprochements dans la distribution américaine, et même la tentative avortée de mariage de Sanpaolo et Dexia.De même, l'utilisation des liquidités pourra prendre la forme d'un rattrapage dans les investissements industriels. "Entre 2001 et 2003, on a assisté à une baisse des investissements des sociétés", explique Vincent Treulet. "En 2004, on a vu une stabilisation de cette tendance. En 2005, il devrait y avoir une petite croissance de l'investissement des sociétés cotées", détaille le stratège d'Ixis Securities.Pour autant, ce retour attendu aux investissements ne devrait pas mettre un terme immédiat aux versements de dividendes, ni à la poursuite du désendettement des entreprises. "Le levier de la dette ne devrait être à nouveau actionné qu'en 2006", estime ainsi Vincent Treulet, qui rappelle qu'en 2004, les entreprises sont revenues à un niveau de gearing historiquement bas de 29%, après un niveau très élevé de 45% en 2002. En 2005, le gearing des sociétés devrait encore baisser, à 23%.Quant aux rachats d'actions - "un signe de défaut de projets" pour Pierre-Yves Gauthier -, ils ont atteint un pic en 2004, selon Vincent Treulet. Ces opérations devraient se poursuivre seulement au cours du début de l'année 2005, anticipe le stratège d'Ixis Securities.Rebond des marchés actionsAu final, cette évolution du comportement des entreprises devrait se traduire par un regain d'intérêt pour les marchés d'actions. Ces derniers, en mal de confiance lors des années précédentes, n'ont d'ailleurs pas reflété la hausse des bénéfices en 2004. Or, à présent que l'aversion au risque affichée par les investisseurs semble se dissiper et que les entreprises reprennent le chemin plus offensif de la croissance de leur activité pour le long terme, la Bourse devrait être plus porteuse."Le retour à une pression spéculative devrait aussi permettre aux marchés d'actions d'être revalorisés", ajoute Pierre-Yves Gauthier. Ainsi, le DJ Euro Stoxx 600, qui affiche un PER (ratio cours sur bénéfice) de 13,5 pourrait passer à 15 "si le marché est porteur", précise le responsable de la stratégie d'Oddo, pour qui la poussée spéculative viendra en premier lieu des industries de matières premières avant de s'étendre aux autres secteurs.
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