"Les laboratoires pharmaceutiques pourraient se rapprocher pour générer des synergies"

latribune.fr- Après les déboires du Vioxx de Merck, Pfizer a dû se résoudre à retirer un médicament du marché, le Bextra. Il doit aussi mettre en garde contre les dangers de son antidouleur phare, le Celebrex. Quelles seront les conséquences sur le groupe?Stewart Adkins- Le Bextra, qui est retiré des ventes, a représenté 1,3 milliard de dollars de chiffre d'affaires en 2004 pour le groupe américain. Ajouté au fait que Celebrex subit désormais des restrictions importantes, l'impact sur les ventes et le bénéfice pourrait être de l'ordre de 5% en 2005. Car, même s'il ne sera pas retiré des ventes, le Celebrex, qui a représenté 3,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires pour Pfizer en 2004, devrait souffrir d'une forte baisse de ses ventes, car les médecins vont sans doute prescrire de moins en moins ce médicament.Peut-il y avoir un effet de contagion sur les autres laboratoires pharmaceutiques?GlaxoSmithKline et Novartis peuvent en effet être potentiellement concernés par la montée en puissance des restrictions à l'égard de la famille de médicaments concernés, les Cox-2. En effet, les deux laboratoires préparent des médicaments de ce type. S'ils n'arrivent pas à prouver que leurs produits sont sans risques, ces derniers pourraient ne pas être commercialisés du tout. Or pour Novartis, le manque à gagner serait de 2 milliards de dollars. Quant à GlaxoSmithKline, il pourrait réaliser entre 1 et 2 milliards de dollars avec un tel médicament. Quoi qu'il en soit, le fait que les produits ne soient pas encore dans le commerce limite l'impact négatif sur les groupes et sur leurs titres en Bourse. D'autant que le marché a anticipé cette éventualité, depuis le retrait du Vioxx de Merck du marché en septembre dernier.Merck est-il tire d'affaires depuis le retrait du Vioxx?Non, car pour le laboratoire, désormais le vrai problème est lié au risque que représentent les plaintes des victimes du Vioxx, et des montants qui peuvent être exigés par les plaignants.Les différents risques qui pèsent sur les entreprises pharmaceutiques peuvent-ils les inciter à se réorganiser?Il est vrai que Pfizer et Merck ont annoncé des plans de restructuration importants. Pfizer veut économiser 4 milliards de dollar par an à partir de 2008. Merck, pour sa part, a lancé un vaste plan de réduction des effectifs qui concernera 5.000 emplois. Ces mesures peuvent avoir pour effet d'inciter leurs concurrents à se restructurer afin d'accroître, eux aussi, leurs marges. A l'inverse, les autres laboratoires pourront tenter de prendre des parts de marché grâce à une force de vente plus importante.La consolidation du secteur semble-t-elle possible, dans le contexte actuel de concurrence des génériques?Tout à fait. Les entreprises pourraient choisir les rapprochements pour mettre en oeuvre des plans d'économie et générer des synergies. Reste qu'il est difficile pour l'heure d'identifier des cibles. Il semble toutefois que Schering Plough soit de taille assez modeste pour être une proie potentielle. Tout comme Bristol. Pfizer semble pour sa part trop imposant pour faire figure de cible. Mais le groupe a une grande culture d'acquisitions et de fusion. Enfin, en Europe, GlaxoSmithKline est également de taille trop importante pour imaginer qu'il se fasse racheter. Quant à Roche, son capital est contrôlé par Novartis. Reste AstraZeneca, dont le pipeline est assez pauvre...Le secteur pharmaceutique est-il porteur en Bourse?Pour l'instant, le secteur pharmaceutique ne recèle pas un grand intérêt. En effet, contrairement à ce qui était le cas auparavant, les groupes n'offrent plus les mêmes garanties de croissance des résultats. De même, les incertitudes liées aux décisions de la Food and Drug Administration (FDA) pèsent sur les groupes.Que pensez-vous de Sanofi-Aventis?Le risque lié au Plavix [passage dans le domaine public] est très fort. A mon sens, il n'est pas suffisamment intégré dans le cours de la société. En outre, alors que la FDA est de plus en plus prudente avec l'homologation des médicaments, le produit Rimonabant (Acomplia) que Sanofi veut lancer risque de ne pas être homologué.
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