Massimo Capuano, PDG de la Bourse de Milan : "Nous devons absolument trouver un partenaire international"

La Tribune.- Quels sont, avec Euronext, vos projets pour MTS, la plate-forme obligataire dont vous contrôlez désormais ensemble 51% du capital?Massimo Capuano.- Début 2006, nous bouclerons avec Euronext les dernières démarches pour la nomination des nouveaux organes dirigeants de MTS. Nous voulons mettre nos trois réseaux en commun pour étendre les liens avec MTS. D'autres projets concernent de nouveaux produits comme des ETF (Exchange Traded Funds). Côté emprunts corporate, nous voulons développer notre marché Bondvision. Nous voulons aussi travailler ensemble sur les services d'information que nous distribuons en tant que Bourses, qui pourraient s'élargir à ceux de MTS. Une fois arrêté le plan de faisabilité de ces projets par la direction de MTS, la majeure partie en sera lancée en 2006.Comptez-vous acquérir les 17% de MTS à céder par les actionnaires historiques et utilisateurs de cette plate-forme?Dans le cas où il n'y aurait pas d'autres acquéreurs, le holding MBE commun à Euronext (51%) et Borsa Italiana (49%) est tout à fait prêt à acheter ces parts restantes. Lors de cette seconde phase de restructuration du capital de MTS, d'autres banques internationales pourraient entrer. Les contacts sont déjà pris et d'ici la mi-janvier nous aurons la composition définitive de l'actionnariat de MTS.A part Sanpaolo IMI, toutes les grandes banques italiennes ont choisi de sortir du capital de MTS. Vos projets ne les intéressent pas?Non, ce n'est pas la raison de leur choix: elles nous donnent au contraire une responsabilité supplémentaires car elles sont parties prenantes à MTS via leur participation dans Borsa Italiana.Vous disposez d'une option de vente de vos parts dans le holding contrôlant MTS en faveur d'Euronext. Pourquoi une telle voie de sortie est-elle nécessaire?Cela se réfère aux premiers moments de la négociation entre nous et MTS et chaque négociation a son histoire. Cela n'a pas de signification particulière.Selon vous, quelles seraient les conséquences pour les Bourses européennes d'une réussite de l'offensive du groupe bancaire australien Macquarie pour prendre le contrôle du London Stock Exchange (LSE)?Jusqu'ici, le London Stock Exchange a été plutôt attentiste, sauf lors des offres sur le Liffe, le marché londonien des produits dérivés. Si une opération concerne ce plus grand marché aujourd'hui en Europe, toute l'industrie boursière européenne devrait se redresser. En conséquence, d'autres devront agir selon les mouvements que fera Londres. Je ne sais si les rumeurs sur un rapprochement entre Deutsche Börse et Euronext sont vraies mais ce pourrait être le modèle en découlant. Le fait nouveau ne serait pas tant que l'actionnariat du LSE change mais l'influence de Macquarie. Or ils n'ont pas encore formulé un plan industriel pour le LES.Pour la Bourse de Milan, quel effet faut-il en attendre pour votre partenariat avec Euronext?Notre accord avec Euronext est pour le moment seulement concentré sur l'acquisition de MTS. Nous avons l'habitude de travailler ensemble et d'échanger nos visions sur ce que pourrait être notre secteur. Dans la compensation, notre société, CC&G, a un accord de coopération avec Clearnet (Euronext). Si Euronext et Deutsche Börse faisaient quelque chose ensemble, nous serions attentifs au développement de cette éventuelle alliance.Une concentration boursière en Europe est donc inévitable?Elle serait en effet juste et normale car elle permettrait de développer le marché donnant la possibilité d'avoir plus de produits et donc d'attirer du capital et des investissements au niveau mondial, des Etats-Unis et d'Extrême-Orient. De plus, en mettant ensemble les infrastructures des Bourses, on réduirait de beaucoup les coûts et la complexité, et on attirerait plus d'émetteurs et d'investisseurs. Je ne vois pas une Bourse européenne unique mais au moins deux Bourses, dont un beau champion européen de niveau mondial pouvant faire face au NYSE fort et dynamique qui se constitue actuellement de l'autre côté de l'Atlantique avec le statut de société à but lucratif cotée en Bourse.Quel rôle peut jouer Borsa Italiana dans un tel contexte de consolidation du secteur boursier européen?En 2006, nous aurons toutes les possibilités et capacités de jouer un rôle international. Ce qui nous manque le plus d'un point de vue pratique est le statut de société cotée en Bourse. Cela nous donnerait beaucoup plus de ressources pour pouvoir agir. Nous devons absolument trouver un partenaire international avec lequel diviser une position européenne. J'ai toujours dit que pour l'Italie la place financière la plus intéressante est Londres. A Londres, on peut y arriver directement ou indirectement. En maintenant notre capacité sur le marché italien, au grand potentiel de développement, nous pourrons trouver un rôle pour se positionner avec l'un ou l'autre des acteurs. Etes-vous en contact avec Macquarie?Non.Pourriez-vous rejoindre un ensemble Deutsche Börse-Euronext?Tout dépend des conditions. Pour notre marché, il serait important d'avoir un point de visibilité sur Londres, où passent les plus importants volumes internationaux, américains et asiatiques. Si une autre agrégation était en mesure d'attirer autant les marchés internationaux pourquoi pas. Mais jusqu'ici je ne vois cette capacité qu'à Londres.Votre cotation en Bourse est-elle proche?Pour cette cotation, nous dépendons de l'approbation de la loi de protection de l'épargne au Parlement italien, par laquelle nous deviendrons une société quasi-normale pouvant être cotée. Avec l'aval de nos actionnaires, nous pourrions ouvrir une procédure d'admission à la Bourse si la loi est votée d'ici la fin 2005 et nous pourrions nous coter en 2006.Votre marché consacré aux PME-PMI, Expandi, ne semble pas avoir eu le développement espéré, alors qu'Euronext et Deutsche Börse ont lancé il y a peu leurs propres marchés pour les PME (Alternext et Entry Standard). Envisagez-vous de nouvelles initiatives dans ce segment?Sur les 14 offres publiques d'introduction cette année à la Bourse de Milan, 6 ont été réalisées sur Expandi. Expandi a depuis cette année atteint à une masse critique de sociétés cotées pour être visible. Nous avons investi en publicité et promotion pour le faire connaître. Et Expandi dispose d'un avantage sur les autres marchés des valeurs moyennes: c'est un marché réglementé, soumis à tous les contrôles et donc offrant une plus grande garantie, alors que sur l'AIM londonien presque toutes les sociétés peuvent se coter. Certes, AIM a plus de 1000 sociétés cotées et nos marchés PME-PMI, Star et Expandi, moins de cent sociétés cotées, mais la liquidité sur nos marchés est bien supérieure.Quel bilan tirez-vous des introductions en Bourse cette année à Milan?Dix-neuf sociétés ont été admises à se coter, la dernière étant la compagnie aérienne Eurofly il y a quelques jours. C'est la reprise des IPO, après seulement 8 introductions en 2004 et 4 en 2003. Seuls le LSE, les Allemands et les Français font mieux. Et en 2006 nous aurons un nombre intéressant d'IPO, au vu des contacts pris similaires à la période 1999-2000. Et si le nombre de sociétés cotées doit encore croître, en termes de nombre de contrats et de volumes négociés la Bourse de Milan a eu cette année la plus forte augmentation, de l'ordre de plus de 30%, parmi les places européennes. Nous avons récolté 14 milliards d'euros sur le marché, dont 1,8 milliard via les 14 IPO, le reste via des opérations corporate.Le gouverneur de la Banque d'Italie vient de démissionner au beau milieu d'un scandale sur des OPA boursières. Cela pèse-t-il sur la place milanaise?Un impact est indéniable, ne serait-ce que dans la presse, et c'est un point délicat dans les relations avec des partenaires à l'étranger. Mais il n'y a pas sinon de réel impact, par exemple en termes de liquidités sur le marché.Deux ans après la faillite de Parmalat, l'information selon laquelle le bilan de la Banca Popolare Italiana (BPI) est à revoir ne redore pas le blason du marché...Des choses sont faites comme l'octroi de davantage de pouvoirs et de moyens humains au gendarme boursier italien, la Consob. Dans le futur immédiat cela améliorera les capacités de la Consob.La Bourse aurait-elle pu éviter ce scandale des OPA bancaires avec des mécanismes de contrôle préventifs?Il nous est difficile d'aller au-delà de notre législation et de notre règlement. Notre mission est la cotation et la technique du marché. Nous signalons à la Consob toutes les anomalies sur notre marché, comme les délits d'initiés et les manipulations.
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