Etre ou ne pas être ... en Bourse

Après un long défilé de PME déçues claquant les portes de la Bourse pour retourner dans le privé, l'introduction sur le marché semble n'avoir jamais été aussi tendance que cet automne, parenthèse de la bulle internet mise à part. On frôle la bousculade à l'entrée du marché parisien, tout le monde veut en être mais y aura-t-il de la place pour tout le monde ? Et faut-il faire de la place pour tout le monde ? Là est toute la question. Il est prudent d'y réfléchir avant d'entrer en scène. Mais parfois la réponse survient plus tard, un peu tard. Prenez le cas d'Escada. L'introduction de la maison de prêt-à-porter de luxe, allemande comme son nom ne l'indique pas, "a été une erreur" selon son fondateur, Wolfgang Ley. "Il n'y avait aucune raison de le faire", observe-t-il un peu moins de vingt ans après. "Nous n'avions aucun endettement." Si la société n'avait aucun besoin de se financer ou d'offrir une porte de sortie à un actionnaire, ni encore moins d'asseoir sa notoriété, déjà acquise, on voit mal les raisons d'aller supporter toutes les contraintes qu'impose le statut de société cotée. Afin de répondre aux attentes de croissance des investisseurs, que la société ne pouvait satisfaire avec une seule marque, Escada a été "obligée de se diversifier." De l'aveu même de ce chef d'entreprise, aujourd'hui âgé de 68 ans et sur le point de quitter la direction opérationnelle, cette stratégie s'est révélée un échec, faute de ressources suffisantes en management. Résultat : Escada, baptisée du nom d'un pur-sang irlandais, a dû subir un régime drastique ces quatre dernières années et cote moins qu'il y a dix ans.... En Bourse comme aux courses, l'échappée n'est pas toujours gagnante. Parfois, la question ne se pose pas, d'en être ou pas. Parce que certains actionnaires, des fonds bien souvent, exigent de sortir, ou qu'un besoin d'argent frais se fait cruellement sentir pour absorber un lourd endettement. Voire les deux à la fois pour Eutelsat. L'opérateur de télécommunications par satellites espère lever plus de 800 millions d'euros pour alléger son bilan et financer son développement dans les pays émergents. Mais le placement semble difficile. Dans l'attente de celui d'EDF, l'Arlésienne du marché depuis le début de l'année, les gérants trouvent le prix trop élevé. Repus par une cascade d'opérations - quatre en quinze jours rien qu'à Paris - ils ont perdu l'appétit. "Les investisseurs ne veulent plus y être pour y être" résume un opérateur de marché. Ou bien en sortent au plus vite: la semaine passée, le câblo-opérateur belge Telenet a chuté de 15% pour sa première semaine de cotation. Si c'est la Bourse ou la vie, Eutelsat devra faire un geste pour entrer au paradis et éviter que ses premiers pas ne virent à la descente aux enfers...
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