Le pétrole sous tension avant la réunion de l'Opep

Les cours remontent aujourd'hui au-dessus des 63 dollars le baril en prévision de la réunion de l'Opep. Les membres du cartel pourraient décider jeudi d'une nouvelle réduction de leur production.

Le cours du pétrole ont entamé leur deuxième jour de progression cette nuit sur les échanges électronique de la Bourse de New York. Hier soir, le baril de WTI livrable en janvier prochain avait déjà terminé sur une hausse de 0,5% à 62,49 dollars, mettant ainsi fin à trois jours de baisse consécutifs. Et en fin de matinée, alors que la côte Est des Etats-Unis était encore endormie, les ordres en provenance d'autre régions du globe - en particulier l'Asie - faisaient monter le prix du baril de 1,4% à 63,39 dollars.

La réunion cruciale, jeudi prochain, des principaux pays producteurs de brut réunis au sein de l'Opep est bien sûr dans toutes les têtes. Le cartel, qui a déjà réduit sa production le mois dernier afin de l'adapter à l'importance des réserves d'hydrocarbures accumulées par les pays consommateurs depuis des mois - et de canaliser la baisse des cours intervenue cet été - pourrait en effet de nouveau annoncer le resserrement de ses robinets. Le dernier point hebdomadaire sur les stocks de pétrole américain, publié il y a deux jours, a en effet fait état de réservoirs remplis de 339,7 millions de barils, soit 14% de plus que la moyenne affichée au cours des cinq débuts d'hivers précédents.

Une rhétorique habile à laquelle le marché est bien forcé de se plier, craignant ainsi une nouvelle intervention... ce qui provoque la hausse des cours ce matin. Ce d'autant plus que deux arguments avancés sur le marché ces dernières semaines pour expliquer pourquoi les pays de l'Opep allait faire une "pause" s'estompent peu à peu.

Les doutes sur la concrétisation des mesures prises par le cartel, tout d'abord. Le mois derniers, plusieurs cabinets d'experts comptabilisant les volumes réels transportés par les tankers quittant les côtes des pays membres - en particulier celles du Golfe Persique - montraient que ces derniers rechignaient quelque peu à s'imposer les sacrifices nécessaires pour influencer les cours en leur faveur. Les derniers comptages montrent cependant que les choses commencent à bouger. Certes, le sondage d'experts organisé par l'agence Bloomberg indique encore que le mois dernier leur production quotidienne a reculé de 0,55 million de barils à 28,82 millions... alors que ces pays s'étaient accordés sur un resserrement de 1,2 million de barils.

Il n'en reste pas moins que ce niveau est le plus bas atteint depuis mai 2004. Surtout, le ralentissement se poursuit: le pointage de l'agence britannique Oil Movements prévoyait ainsi que "seulement" 24,23 millions de barils seraient chargés en moyenne sur les quatre semaines amenant au 23 décembre.

La météo - et donc la consommation - ensuite. Ainsi les fluctuations anormales des températures aux Etats-Unis - automne exceptionnellement doux attribué par certains experts aux lointaines conséquences du phénomène climatique El Nino - ont laissé nombre d'opérateurs spéculer sur une demande, en particulier de fioul domestique, moins active, incitant ainsi les cours à se dégonfler.

Le véritable argument dans la décision du cartel demeurera donc le gonflement des réserves mondiales et... la façon dont ce dernier se reflète dans la structure des prix sur le marché. "Sur le marché, les différents contrats à terme ont vu leurs prix s'organiser en 'contango', le pétrole à livraison plus lointaine devenant le plus cher", expliquait récemment à La Tribune Frédéric Lasserre, responsable de la recherche sur les matières premières au sein de la Société Générale à Paris. Sans bruit, une prime a ainsi été offerte aux détenteurs d'hydrocarbures, afin de les convaincre d'attendre pour les apporter sur un marché trop bien approvisionné. Cet "effet stocks" influence maintenant le cours "immédiat" du brut. Ainsi sur le Nymex un baril de brut livrable dans douze mois, s'échange... près de 69 dollars. Et l'Opep ne goûte guère cette situation qui encourage au stockage. Pour changer cette situation, le cartel dispose d'une solution radicale: couper dans sa production.

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