Le patron de Deutsche Telekom veut instaurer "la culture du client"

René Obermann veut réaliser 5 milliards d'euros d'économie d'ici 2010 et simplifier la structure opérationnelle du groupe.

Le nouveau patron de Deutsche Telekom prend les choses en main. René Obermann, arrivé à la tête du premier opérateur européen en termes de chiffre d'affaires il y a trois semaines, a fait une présentation à la presse à Bonn ce matin, dans laquelle il a beaucoup insisté sur "la structure complexe d'une entreprise qui emploie 250.000 salariés" et vilipendé les "rigidités".

Le remplaçant de Kai-Uwe Ricke veut "plus de flexibilité" et souhaite instaurer "la culture du client". "Nous devons passer plus de temps avec les clients tout en améliorant notre productivité", indique-t-il. Ce qui passera par une simplification de l'organisation. Sans avoir prononcé le mot convergence", il a expliqué vouloir "offrir les services depuis une source unique". En clair, la différentiation entre fixe, mobile, Internet, c'est fini.

En revanche, il ne s'est pas prononcé sur les suppressions de postes, qui inquiètent beaucoup les syndicats outre-Rhin. Il s'est borné à expliquer que "les restructurations continueront", sans préciser le nombre de suppressions de postes estimées par son prédécesseur à 45.000 sur les prochaines années. Seule sortie du bois, "d'ici 2010, nous allons réaliser des économies de l'ordre de 5 milliards d'euros". A titre indicatif, c'est le directeur financier qui prendra la place du directeur des ressources humaines le mois prochain.

L'Allemagne sera l'objet de toute l'attention du nouveau patron. "Beaucoup de choses ont été écrites sur notre activité en Grande-Bretagne ou aux Etats- Unis, mais notre marché principal reste l'Allemagne, et c'est aussi le plus dur", a-t-il avoué. D'où des efforts nécessaires "en termes d'image auprès des consommateurs". Il a vilipendé l'attitude du régulateur allemand des télécommunications. "Il me semble qu'il y a une intention délibérée des régulateurs de faire perdre des parts de marchés à Deutsche Telekom. Nous avons toujours 85% des lignes fixes du pays", a-t-il rappelé, en omettant de dire qu'il avait perdu 1,5 million de lignes cette année au profit de ses concurrents.

"La question est: à quelle vitesse allons nous perdre ces parts de marché? Nous devons nous battre contre cette tendance", a martelé le patron, chagriné par sa part de marché dans l'ADSL "désormais en-dessous de 50%".

Toujours en ce qui concerne le régulateur, René Obermann a qualifié l'approche de la Commission européenne vis-à-vis de son réseau très haut débit dans lequel il va investir 3 milliards d'euros d'"inacceptable". Bruxelles veut que la fibre optique de Deutsche Telekom soit ouverte à ses concurrents. Mais le PDG entrevoit "des espoirs", sans préciser réellement lesquels.

Il définira plus précisément sa stratégie de long terme au printemps prochain, une fois que les cinq groupes de travail qu'il a créés lui auront rendu leurs conclusions. Ils pourront prendre peut-être exemple sur leurs voisins car finalement, Deutsche Telekom est confronté aux problèmes désormais classiques d'un opérateur historique européen: concurrence agressive, régulateur peu compréhensif, dette toujours importante qui devrait passer à 45 milliards d'euros fin décembre, en hausse de 2 milliards en un an.

Avec en plus pour Deutsche Telekom un actionnaire embarrassant et peu conciliant: le fonds d'investissement Blackstone qui a pris 4,5% du capital de l'opérateur au printemps dernier, et dont un des dirigeants n'est autre que Ron Sommer, le patron de Deutsche Telekom pendant la bulle Internet.

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