Avec 8% de travailleurs pauvres, la France est au-dessus de la moyenne européenne

La proportion de travailleurs pauvres varie fortement d'un pays de l'Union européenne à l'autre, selon une étude du Centre d'études de l'emploi. Avec un seuil de pauvreté situé à 60% du salaire médian, l'Europe des Quinze comptait en 2001 entre 11 et 15 millions de travailleurs pauvres.

La pauvreté et la précarité sont désormais les thèmes qui pèseront le plus dans le vote des Français lors de l'élection présidentielle, selon un récent sondage BVA. Or, une étude du Centre d'études de l'emploi (CEE) montre que la part de travailleurs pauvres est plus élevée en France que la moyenne européenne. Calculée à partir d'un indicateur européen, la proportion de personnes vivant dans un ménage pauvre, c'est-à-dire dont le revenu par unité de consommation est inférieur à 60% du revenu médian national, était de 8% en 2001 en France, contre 7% pour l'Europe des 15.

L'étude indique une grande disparité de la part des travailleurs pauvres entre les différents pays de l'Union européenne, variant entre moins de 6% (pays du Nord) et plus de 10% (pays du Sud). En ce qui concerne la persistance dans le temps de la pauvreté, l'étude indique qu'elle est plus forte dans les pays où le taux de travailleurs pauvres est élevé, y compris la France.

Les raisons de la pauvreté des travailleurs tiennent autant à la rémunération de l'emploi (qui dépend de la durée du travail et du taux de salaire horaire) que du niveau de vie du ménage, qui est directement lié au nombre de personnes occupant un emploi. Ainsi, souligne l'étude, "la bi-activité des ménages constitue une protection très importante contre la pauvreté". Cela explique notamment le fait que les femmes représentent moins de la moitié des travailleurs pauvres en Europe alors qu'elles constituent la grande majorité des personnes à bas salaires.

Un taux de pauvreté des travailleurs relativement bas dans un pays n'empêche pas un niveau de pauvreté de l'ensemble des ménages supérieur à la moyenne européenne, comme cela est le cas au Royaume-Uni. Ce pays se caractérise notamment par un taux de ménages sans emploi plus élevé que la moyenne européenne (13,3% des ménages d'âge actif contre 9,3%) dont le taux de pauvreté est également très élevé (50% contre 41% en moyenne européenne). La prise en compte de ces personnes exclues du marché du travail sans qu'elles le souhaitent forcément "permet de relativiser les performances britanniques en matière de lutte contre la pauvreté et de politique de l'emploi", souligne l'étude.

Pour autant, les comparaisons internationales sur la pauvreté des travailleurs comportent certaines limites. Car selon que l'indicateur de pauvreté est calculé à partir du revenu médian national - comme c'est le cas aujourd'hui - ou à partir du salaire médian européen - qui "permettrait de mieux rendre compte des disparités entre les pays les plus pauvres et les pays les plus riches", selon le CEE -, l'Europe des 15 comptait soit onze millions soit quinze millions de travailleurs pauvres en 2001 (avec un seuil de pauvreté à 60% du revenu médian).

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