La stratégie de diversification dans la téléphonie et la télévision menée par le groupe radiophonique NRJ Group, maison-mère de NRJ, Nostalgie, Chérie FM et Rire & Chansons, nécessite des investissements longs et coûteux: tel est le message adressé vendredi matin aux analystes par Marc Pallain, le président du directoire de NRJ Group, lors de la présentation des résultats à neuf mois. Le marché ne remet pas en cause la pertinence de la stratégie mais il montre une certaine impatience en l'absence de retour immédiat de ces investissements, alors que le coeur de métier de NRJ, les recettes publicitaires issues des radios, montre des signes de faiblesse et va subir la concurrence de la télévision auprès des annonceurs de la distribution.

A l'issue de la réunion de présentation de vendredi matin, au siège parisien de la rue Boileau, dans le XVIe arrondissement, l'action NRJ se repliait de 2% à la mi-journée, à 13,54 euros, à ses plus bas niveaux depuis juillet 2003.

Cette année, les pertes opérationnelles des activités de téléphonie seront légèrement supérieures aux 30 millions d'euros prévus initialement, dont 9 millions pour le numéro de renseignement 118 333 et moins de 25 millions pour l'opérateur virtuel NRJ Mobile. La majeure partie des pertes du 118 333 constitue des dépenses publicitaires intra-groupe, sur les antennes des stations de NRJ: la perte "véritable" du numéro avoisine 1 million d'euros à fin septembre.

Toutefois, NRJ est conscient de ne pas avoir percé sur ce marché très encombré: "nous cherchons une solution pour ne plus être exploitants du 118 333 avant la fin de l'année 2006. Cela méritait de tenter le coup", a déclaré Marc Pallain. "S'il n'y a pas de solution, nous arrêterons."

En revanche, NRJ Mobile, qui comptera environ 300.000 clients à fin décembre, est "stratégique: nous sommes très sereins." Toutefois l'opérateur virtuel, qui utilise le réseau de SFR, va "infléchir son business model": outre la décision d'arrêter les offres sans durée de validité, qui correspondait à des clients ne consommant pas ou peu, NRJ Mobile va lancer, dans le courant du premier semestre, des offres "post-payées" et va donc devoir "subventionner" l'achat des terminaux pour conquérir de nouveaux clients. Les pertes seront donc plus lourdes l'an prochain. De même, NRJ 12, la chaîne de la TNT, qui perdra autour de 10 à 12 millions d'euros cette année, va investir dans sa grille de programmes en 2007 afin de se muer en chaîne plus généraliste et non plus seulement musicale.

Aucun chiffre précis pour l'instant: le groupe fondé et contrôlé par Jean-Paul Baudecroux dévoilera un plan à trois ans à la fin mars, précisant les investissements nécessaires à la mutation du groupe radiophonique en groupe multimédias. A fin septembre, un quart du chiffre d'affaires provient d'activités autres que la radio, dont la téléphonie, la télévision et le "hors média", comme la comédie musicale Le Roi Soleil.