La moitié des Français disposent de moins de 1.315 euros par mois, selon le Cerc

Dans son rapport sur "La France en transition (1993-2005)", le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale met en évidence "la vie difficile" des Français. Pour l'organisme présidé par Jacques Delors, l'instabilité et l'insécurité de l'emploi constituent "la principale source d'inégalités des revenus".

Le revenu disponible par habitant s'est accru en moyenne de 1,7% par an entre 1993 et 2005, soit une croissance équivalente à celle du PIB par habitant (1,6% en moyenne annuelle). Pour autant, il y a "un sentiment dans l'opinion publique que la vie est désormais plus difficile", selon le rapport du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (Cerc) consacré à "La France en transition (1993-2005)", remis vendredi au Premier ministre. Ce document de 240 pages dresse le portrait d'une France inégalitaire, où la cause première des inégalités de revenus est à chercher dans l'instabilité et l'insécurité de l'emploi.

Ainsi, l'écart entre le taux de rémunération nette des 10% des salariés de 25 à 54 ans les moins bien payés et celui des 10% les mieux payés est de l'ordre de 1 à 3, selon le Cerc. Mais si l'on considère le montant des salaires effectivement perçus dans l'année, l'écart est alors de 1 à 13 et même de 1 à 18 pour les femmes. "Cet élargissement des inégalités de revenu salarial tient au cumul d'un taux de rémunération faible, d'un emploi à temps partiel et/ou à une durée incomplète dans l'année", explique le rapport. Si bien qu'en 2004, la moitié des personnes vivant en France métropolitaine disposaient de moins de 1.315 euros par mois (1.972 euros pour un couple). Or, du fait notamment "de l'importance des dépenses faisant l'objet d'engagements contractuels" (loyer, électricité, téléphone, etc.) le sentiment est prégnant que la marge de manoeuvre pour les autres dépenses est étroite.

L'organisme présidé par Jacques Delors identifie deux sources principales d'inégalités de revenus. La première est "l'instabilité et l'insécurité de l'emploi". Car "si, pour une large partie de la population en âge de travailler, l'emploi est un temps plein et stable, une autre partie (les jeunes, les moins qualifiés notamment) cumule instabilité de l'emploi et faible taux de rémunération, multipliant ainsi le niveau des inégalités de revenu", soulignent les auteurs. Le second facteur d'inégalités des revenus salariaux "tient au travail à temps partiel", dont "une forte proportion (...) résulte de l'impossibilité de trouver un emploi de durée du travail suffisante".

Plus que le relèvement du Smic, dont le rapport souligne que son niveau est désormais inférieur au salaire minimum en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Irlande et au Royaume-Uni, le Cerc plaide pour que les politiques de lutte contre la pauvreté se préoccupent "d'accroître l'emploi continu et à temps plein". Le rapport estime par ailleurs que "dans la situation de sous-emploi présente" se pose "la question du niveaux des minima sociaux (RMI, ASS, minimum vieillesse, etc.), qui est faible".

Parmi les réformes prônées par le Cerc se trouve celle de la formation professionnelle continue. Aujourd'hui, "la formation en cours de vie active ne permet pas, sauf exceptions, de corriger les inégalités liées à la formation initiale". Or, celles-ci sont déterminantes dans l'accès à un emploi stable. Pour les auteurs, il faut que la formation continue "puisse donner une seconde chance à tous ceux qui ont, d'une manière ou d'une autre, échoué dans la formation initiale", plaide le rapport. En particulier, elle doit "aider à l'insertion professionnelle et sociale des quelque 190.000 jeunes sortant de l'école ou de l'université sans un diplôme correspondant aux études qu'ils ont suivies. C'est un chantier d'intérêt national que l'Etat et les partenaires sociaux doivent ouvrir sans délai".

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