L'OCDE dénonce l'Etat actionnaire russe

L'OCDE vient de publier un rapport extrêmement sévère contre la Russie. Le manque d'efficacité de l'administration et la corruption qui gangrène le pays y sont sévèrement épinglés.

Les fins de seconds mandats sont toujours difficiles. Après s'être attiré les louanges des institutions internationales en s'efforçant de restaurer l'autorité de l'Etat dans un pays à la dérive, Vladimir Poutine est aujourd'hui pointé du doigt pour avoir laissé se développer une corruption tentaculaire au sein d'une administration devenue un obstacle majeur au développement des affaires.

L'Organisation de coopération et de développement économiques estime dans un rapport très critique que "la plus haute priorité doit donc être donnée à la mise en oeuvre effective et cohérente des ambitieux projets gouvernementaux de réformes administratives".

La très forte croissance de l'économie russe - 6,7% l'an entre 1999 et 2005 et probablement autant cette année - ces dernières années repose en grande partie sur l'envolée des cours des matières premières, notamment du pétrole et du gaz, dont la Russie est riche.

Mais les moteurs de l'exceptionnel rebond de l'économie russe menacent aujourd'hui de s'éteindre. La production de pétrole a fortement ralenti et "les gains de compétitivité dont les producteurs russes ont bénéficié après la crise financière de 1998 [NDRL: le rouble s'était déprécié de 70%] ont aujourd'hui disparu", rappelle l'OCDE. "Le principal enjeu (...) est, par conséquent, de créer les conditions propres à assurer (...) une convergence relativement rapide avec les économies avancées", notent les experts du Château de la Muette.

"Malheureusement, regrette l'OCDE, le rythme des réformes structurelles s'est sensiblement ralenti depuis le début 2004". Ce coup de frein se double en outre d'une inquiétante expansion de l'Etat actionnaire. L'OCDE considère comme "particulièrement préoccupant" l'appétit "apparemment insatiable" de Gazprom pour l'acquisition de nouveaux actifs "souvent au détriment d'un recentrage sur son coeur de métier". Pour l'OCDE, le développement de l'Etat actionnaire est "un recul", le bilan de l'Etat en tant que propriétaire de sociétés étant "médiocre".

L'environnement des affaires est également difficile. La Russie a "grandement besoin" d'une administration "honnête et efficace". La bureaucratie étatique, poursuit l'OCDE, est "inefficace, peu réactive" et "souvent corrompue". Les investisseurs, aussi bien étrangers que locaux, y voient "l'un des principaux obstacles" à l'investissement.

"Il est crucial, estime l'OCDE, de prendre des mesures visant à renforcer l'Etat de droit, les institutions de la société civile - y compris une presse indépendante - et la responsabilité politique". La Russie n'est pas membre de l'OCDE. Mais si elle souhaite intégrer ce club de pays développés, démocratiques et respectueux du droit, la route promet d'être longue et la pente rude.

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