Menace de grève dans les casinos pour le 31 décembre

Comme en 2004 les salariés des casinos menacent de faire grève le 31 décembre s'ils n'obtiennent pas les hausses de salaires demandées. Ces revendications interviennent alors que le secteur enregistre un tassement de son activité. Les contrôles d'identité obligatoires depuis le 1er novembre entraînent un recul de 20% de l'activité de certains établissements.

Les exploitants des 193 casinos en France sont inquiets. Leurs 17.000 salariés demandent des hausses de salaires et menacent à nouveaux de faire grève pour le réveillon du Nouvel an s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent. Il y a deux ans, un même conflit avait déjà eu lieu. Toutefois les salariés n'avaient finalement pas mis leurs menaces à exécution. Mais rien ne dit qu'ils renonceront cette année à aller jusqu'au bout.

Les négociations en cours entre les employeurs et leurs salariés sont actuellement au point mort. Enrique Cuevas (CFDT) confirme l'absence "de négociations de quelque côté que ce soit" et affirme qu' "en contrepartie de la mise en place de la VDI (la vérification des identités à l'entrée des casinos, NDLR), l'Etat a accordé des compensations aux casinotiers". Certaines trouvent grâce aux yeux des syndicats, comme la suppression du droit de timbre (droit d'entrée dans les salles de jeux), ou encore la possibilité de "mixer les jeux électroniques et traditionnels". Mais les syndicats voient d'un autre oeil la diminution du ratio jeux traditionnels/machines à sous, qui menacerait près de 3.500 emplois selon Cyril Saragaglia, de la CGT.

L'intersyndicale des salariés des casinos, qui regroupe la CFDT, FO, la CGT et CFE-CGC, réclame l'ouverture de discussions pour mettre en place dans le secteur un 13ème mois et une hausse des salaires de 5% en 2007. Les syndicats font valoir que les salaires pratiqués dans les casinos sont particulièrement bas, le premier niveau commençant seulement 2 euros au-dessus du SMIC.

Les salariés des casinos sont donc appelés à cesser le travail pour la Saint Sylvestre, "probablement une des plus grosses soirées de l'année", d'après Enrique Cuevas, de la CFDT. Il est encore trop tôt pour savoir si certains casinos seront obligés de fermer leur porte pour le réveillon, mais l'intersyndicale est confiante. La CFDT table sur "une mobilisation plutôt bonne selon les assemblées générales", tandis que la CGT, elle, affirme que certains grands casinos comme Deauville, Trouville, Lyon ou Aix-en-Provence, sont d'ores et déjà mobilisés, "certains même autour de 90% de leur effectif".

De leur côté, les syndicats patronaux proposent une hausse générale de 2% des salaires et ils ne veulent pas entendre parler d'un mois supplémentaire de rémunération. "Je discute si j'ai les moyens de discuter!", explique Patrick Partouche, président du groupe Partouche, le premier exploitant de casinos en France. Il rappelle que son groupe est le seul à avoir revalorisé l'an passé le travail de nuit.

De plus, à l'image des autres exploitants de casinos en France, Patrick Partouche souligne que la conjoncture n'est pas favorable aux casinos. Ces derniers sont obligés, depuis le premier novembre 2006, de contrôler l'identité de leurs clients aux entrées de l'établissement. Cette mesure, destinée à empêcher les mineurs et les joueurs excessifs de miser, pèse sur leur fréquentation, les clients n'ayant pas le réflexe de se munir de papiers d'identité pour venir jouer. Selon certains exploitants, le recul du nombre d'entrées peut atteindre jusqu'à 20% dans certains établissements.

Sans oublier les prélèvements qui ne cessent d'augmenter alors que l'activité du secteur est désormais stable. En effet, la progression depuis le début de l'année de 2,1% à 2,7 milliards d'euros du produit brut des jeux, les sommes perdues par les joueurs, est enregistrée exclusivement grâce aux ouvertures d'établissements. A périmètre comparable, l'activité est stable, voire en léger repli, très loin des croissances à deux chiffres d'il y a quelques années.

Dans ces conditions, Patrick Partouche demande à l'Etat de revoir la fiscalité des casinos et notamment d'alléger le prélèvement de CSG et CRDS auxquels sont soumises les entreprises. C'est un impôt "discriminatoire", estiment les exploitants qui remarquent que les autres secteurs d'activité ne sont pas soumis à ces taxes

Enfin, les responsables de casinos regardent l'avenir avec crainte. La mise en place d'une interdiction de fumer dans les casinos pourrait se traduire par une chute de 20% de leurs activités si l'on se réfère à ce qui se passe actuellement en Italie.

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