Les industriels français n'ont pas su réagir au choc pétrolier

Les économistes de HSBC, qui anticipent une croissance de 1,6% pour la France l'an prochain, expliquent cette faiblesse par le choc pétrolier. Alors que les Allemands ont modéré les salaires et augmenté leurs exportations depuis 2005, les industriels français ont ajusté leur taux de marge, ce qui a pesé sur leurs investissements.

Les industriels français n'ont pas adopté la bonne parade face au choc pétrolier l'an dernier. Selon les économistes de HSBC, c'est ce qui expliquerait en grande partie la sous performance de la France aujourd'hui. "Alors que la croissance française était supérieure à celle de la zone euro de façon ininterrompue du deuxième trimestre 2002 au premier trimestre 2005, elle est inférieure depuis cette date", indique la banque.

Ses prévisions s'avèrent particulièrement pessimistes par rapport au consensus, puisqu'elle table sur une croissance de 1,6% l'an prochain après 2,2% cette année. De son côté, la zone euro devrait connaître un ralentissement de son produit intérieur brut (PIB) à 1,5% contre 2,5% cette année, en raison du brusque ralentissement de la croissance américaine, douchée par le secteur immobilier, qui devrait passer de 3,6% cette année à 1,9% l'an prochain. Par ailleurs, la hausse de l'euro, qui devrait atteindre selon HSBC 1,45 dollar fin 2007 en raison de la baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) à partir de mai 2007, devrait aggraver le déficit commercial français.

Alors que les industriels allemands ont modéré les salaires et augmenté leurs exportations en réponse à la hausse de 73% des prix du pétrole en euro en 2005, les Français, eux, ont réduit leurs marges. "Leurs marges ont reculé de 10,4% depuis le deuxième trimestre 2005, date du décrochage de la production industrielle contre 2% seulement outre-Rhin", explique Mathilde Lemoine, directeur des études économiques d'HSBC. Ce qui n'a pas manqué de peser sur leurs investissements et pose aujourd'hui le problème de compétitivité par la différenciation des produits.

L'industrie automobile a été particulièrement touchée, avec des marges ramenées à 20% contre 30% en moyenne, entraînant nombre d'autres secteurs. Les récentes publications d'indicateurs dans les services, comme l'indice PMI, montrent que les services à l'industrie ont également pâti de ce ralentissement.

Les solutions? "La baisse des impôts sur les investissements productifs en Allemagne a sûrement été une mesure payante", estime Mathilde Lemoine. Car ce sont avant tout les investissements privés, et non publics, qui sont en France au coeur de la problématique. L'économiste constate que les industriels français et les multinationales implantées en France se plaignent davantage de l'impôt sur la production que de l'impôt sur les sociétés.

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