Le pape soutient désormais l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne

Le pape est arrivé hier en Turquie pour une visite de quatre jours. Accueilli en personne par le premier ministre turque Recep Tayyip Erdogan, le souverain pontife s'est déclaré en faveur de l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne. A l'inverse, la Commission européenne va recommander aujourd'hui aux 25 de geler une partie des négociations d'adhésion de la Turquie.

L'un souffle le chaud, l'autre souffle le froid. Le soutien du pape Benoît XVI à l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne (UE) a suscité la surprise et la sympathie en Turquie où le souverain Pontif est arrivé hier.

La Commission européenne va pour sa part recommander aujourd'hui aux 25 de geler une partie des négociations d'adhésion de la Turquie. Motif : le refus d'Ankara d'ouvrir ses ports aux navires chypriotes. Entre 4 et 9 des 35 chapitres de négociations seraient ainsi suspendus. Les ministres des Affaires étrangères doivent encore se prononcer le 11 décembre sur la base de cette recommandation.

L'UE menace depuis plusieurs mois de suspendre les négociations d'adhésion au motif que la Turquie refuse d'appliquer à la République de Chypre, qu'elle ne reconnaît pas, le protocole dit d'Ankara qui étend son union douanière avec l'UE aux dix Etats entrés dans le bloc européen en 2004. La Turquie refuse en particulier de laisser entrer dans ses ports et aéroports les navires et avions chypriotes grecs. Elle exige au préalable la levée de l'embargo qui frappe la République turque de Chypre du Nord (RTCN), proclamée unilatéralement et reconnue uniquement par Ankara.

Le soutien du pape à l'entrée d'Ankara au sein de l'Union européenne a en tout cas été accueilli avec enthousiasme en Turquie.Dans un contexte extrêmement tendu, le souverain pontife a en effet défendu cette entrée dès son arrivée à l'aéroport d'Ankara où il a été accueilli hier à sa descente d'avion par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

"Je lui ai demandé son soutien sur notre chemin vers l'Union européenne, a expliqué le Premier ministre turque après son entretien avec Benoît XVI. Le pape lui aurait alors rétorqué, selon Recep Tayyip Erdogan, qu'il souhaitait "que la Turquie fasse partie de l'Union européenne".

Interrogé par ailleurs sur le discours de Ratisbonne, dans lequel le pape avait semblé associer l'islam à la violence, il a affirmé avoir expliqué au pape que l'islam était "une religion d'amour et de tolérance" et que son interlocuteur avait été d'accord avec lui.

La presse turque, globalement critique sur la venue du pape en Turquie, a accueillie avec enthousiasme ces signes forts d'apaisement. "Soutien surprise pour l'UE", titrait ce matin le quotidien populaire Vatan, qui estime que le souverain pontife a "surpris" le monde entier en se pronnonçant en faveur d'une entrée de la Turquie musulmane dans le bloc européen.

Le pape a levé l'un des nombreux non dit autour des négociations d'adhésion d'Ankara à l'UE. Si la Turquie est un pays laïc, de nombreux partis démocrates chrétiens défendent l'idée que l'Union européenne est avant tout un club chrétien dans lequel la Turquie, majoritairement musulmane, n'aurait pas sa place. Un argument auquel le chef de l'Eglise catholique a décide de ne pas apporter sa voix.

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