Le Conseil constitutionnel envoie l'action EDF à des records

Le titre a gagné 5,27% vendredi suite à la décision du Conseil constitutionnel de revenir sur les tarifs réglementés de l'énergie.

En créant hier soir de nouvelles incertitudes sur la fusion Suez - Gaz de France, le conseil constitutionnel a au moins fait un heureux: Electricité de France ou en tout cas, ses actionnaires. L'action EDF, deuxième capitalisation boursière française, s'est envolé vendredi, pour s'installer bien au-dessus de ses sommets historiques. Le titre a gagné 5,27% à 50,95 euros (il était même un temps en hausse de plus de 6%). Plus de 8,4 millions de titres ont changé de mains dans les quinze premières minutes de la séance.

Première explication: la décision du Conseil constitutionnel d'autoriser la privatisation de GDF - condition sine-qua non pour que la fusion entre GDF et Suez ait lieu - après l'élection présidentielle et les législatives seulement, c'est-à-dire à partir du 1er juillet 2007, rend l'opération encore plus hasardeuse. Voilà le sort de Jean-François Cirelli, PDG de GDF, et de Gérard Mestrallet, son homologue chez Suez, dans les mains des Français appelés à voter en avril et mai prochains.

De là à tabler sur une victoire de la gauche qui pourrait revenir sur cette fusion, il n'y a qu'un pas que les marchés ont franchi. En effet, dans ce cas, tout est possible, et pourquoi pas une relance de l'idée d'un mariage EDF - GDF?

Mais l'explication principale réside dans une autre décision du Conseil constitutionnel. Ce dernier a considéré que le maintien des tarifs réglementés, fixés par le gouvernement, était "manifestement incompatible" avec l'ouverture à la concurrence du marché du gaz. Le Conseil s'est érigé contre la possibilité pour les clients passés à la concurrence de revenir à des contrats bénéficiant de tarifs réglementés. Car une telle décision reviendrait à imposer "aux opérateurs historiques du secteur de l'énergie, et à eux seuls, les obligations tarifaires permanentes, générales et étrangères à la poursuite d'objectifs de service public". Si GDF ne doit pas supporter de tels coûts lors de l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie, alors il en est de même pour EDF, parient les marchés financiers.

Dans le même temps, le mouvement de concentration des électriciens en Europe agitent les analystes financiers. Ceux du Crédit Mutuel CIC ont relevé ce matin leur objectif de cours sur l'action EDF à 51,7 euros contre 49 euros auparavant, au terme d'une étude où ils étudient le scénario d'un rapprochement avec Scottish Power et le jugent "crédible". "Sur la base d'une question posée mercredi à Pierre Gadonneix 'êtes vous intéressé par une contre-offre sur Scottish Power?' et sur la base de sa réponse 'nous ne pouvons rien exclure mais je ne peux pas répondre compte tenu de la spécificité de la loi anglaise sur les marchés boursiers', le marché s'est emballé sur l'idée d'une possible contre-offre d'EDF sur Scottish Power", explique le CM CIC. Le scénario d'un rapprochement "paraît très crédible et aurait même un intérêt très fort pour EDF", estime le CM CIC dans son étude, où l'analyste en charge d'EDF, Patrice Lambert de Diesbach, relève son objectif de cours à 51,7 euros contre 49 euros auparavant et maintient sa recommandation à "conserver".

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